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Toscane, mort en 1621, était neveu du pape Marcel II. Il enseigna la théologie avec un grand succès à Louvain et à Rome; accompagna Caïetan, envoyé en France comme légat par Sixte-Quint, fut fait cardinal par Clément VIII en 1598, archevêque de Capoue en 1601, et se démit de son archevêché en 1605 pour remplir les fonctions de bibliothécaire du Vatican. Il fut plusieurs fois sur le point d'être nommé pape. Bellarmin employa toute sa vie à défendre la doctrine catholique contre les hérétiques : il rédigea dans ce but un célèbre corps de controverse (Disputationes de controversiis fidei, adversus hæreticos, Rome, 1587; Paris, 1688; Prague, 1721). Il écrivit aussi avec force en faveur du pouvoir temporel du pape (De potestate summi Pontificis in rebus temporalibus, 1610), mais il n'alla pas aussi loin que d'autres théologiens de son temps; de sorte qu'il se vit à la fois regardé à Rome par quelques-uns comme trop modéré, et condamné en France par le parlement comme ultramontain (1610). On a de lui en outre : De scriptoribus ecclesiasticis (allant jusqu'à 1612), un Catéchisme, qui est très-estimé et très-répandu, et 3 vol. in-fol. d’Œuvres diverses (Cologne, 1619). Ses Œuvres complètes ont paru à Naples en 1857-60, 7 vol. in-4. Il a laissé lui-même l’Hisloire de sa vie, adressée au jésuite Eudémon-Jean.

BELLART (Nicolas Fr.), procureur général à la Cour royale de Paris, né à Paris en 1761, mort en 1826, se distingua d'abord comme avocat et défendit pendant la Révolution un grand nombre de victimes : les généraux Menou et Moreau lui confièrent également leur défense. Membre du conseil général du département de la Seine, il fut un des premiers en 1814 à provoquer la déchéance de Napoléon. Nommé procureur général, à la Restauration, il débuta par poursuivre le maréchal Ney, et se fit remarquer par ses rigueurs contre la presse. Outre ses plaidoyers, on a de lui un Essai sur la légitimité. Ses œuvres ont été publiées en 1828, 6 vol. in-8.

BELLE-ALLIANCE. V. WATERLOO.

BELLEAU (Rémi), un des poëtes de la Pléiade française, né à Nogent-le-Rotrou en 1528, mort en 1577, était précepteur de Charles de Lorraine, duc d'Elbeuf. Il a traduit en vers les Odes d'Anacréon, les Phénomènes d'Aratus, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques, a composé des Bergeries, et un poëme sur les Amours et échanges des pierres précieuses, où il décrit ces brillants minéraux avec les plus vives couleurs. Il jouait dans les pièces de son ami Jodelle, et il a fait lui-même une comédie, intitulée : la Reconnue. En outre, on a de lui un poëme macaronique : De bello huguenotico. Ses œuvres ont été réunies à Rouen, 1604, 2 vol. in-12. Ronsard faisait grand cas de Rémi Belleau, et l'appelait le peintre de la nature. Son talent élégant et facile le fit surnommer par ses contemporains le gentil Belleau.

BELLEFOREST (François de), écrivain fécond, mais peu exact, né en 1530 à Sarzan (Gers), mort en 1583, écrivit sur les matières les plus diverses. Il avait été nommé historiographe de France sous Henri III; mais l'infidélité de ses récits lui fit perdre cette place. Il se mit alors aux gages des libraires et inonda Paris de ses écrits. Les moins mauvais sont : Hist. des neuf rois qui ont eu le nom de Charles; Annales ou Hist. générale de France; Histoires tragiques (extraites de Bandello) ; Histoires prodigieuses : dans ces deux derniers ouvrages, il ne fit que continuer l'œuvre de Boaistuau (V. ce nom).

BELLEGARDE, ch.-l. de cant. (Creuse), à 11 kil. N. E. d'Aubusson; 1000 hab. Chevaux, cuirs. — Ch.-l. de cant. (Loiret), à 20 kil. O. de Montargis; 1027 h. Safran, miel. — Hameau du dép. de l'Ain, à 20 kil. E. de Nantua, au confluent du Rhône et de la Valserine; 522 h. C'est tout près de là qu'est la fameuse perte du Rhône. Station. — Place forte des Pyrénées orient., à 10 kil. S. E. de Céret, près de la frontière et sur la route de Perpignan à Figueras. Prise par les Espagnols en 1674 et 1793; reprise en 1675 et 1794.

BELLEGARDE (Roger DE ST-LARY de), un des favoris de Henri III, était petit-neveu du maréchal de Thermes. Colonel sous Charles IX, il accompagna en Pologne Henri, alors duc d'Anjou, et fut nommé par lui, à son avènement, maréchal de France (1574). Ayant perdu la faveur du roi, il se lia avec le duc de Savoie et agit contre les intérêts de son pays. Il mourut en 1579, empoisonné, à ce qu'on crut, par Catherine de Médicis. — Roger de Bellegarde, de la même famille, duc et pair, grand écuyer de France sous Henri III, seconda vaillamment Henri IV pendant la guerre civile et fut comblé par lui de faveurs. Louis XIII le fit duc et pair en 1620. Il mourut en 1646, à 83 ans, sans postérité. Il avait aimé la belle Gabrielle avant Henri IV, qui la lui enleva.

BELLEGARDE (H., comte de), général des armées autrichiennes, d'une famille ancienne de Savoie, né à Chambéry en 1755, mort à Vérone en 1831, servit sous l'archiduc Charles dans la guerre d'Italie, signa en 1797, avec Bonaparte, les préliminaires de Léoben, et commanda en chef après Mélas (1800). Malgré quelques beaux faits d'armes, il ne fut pas plus heureux que son prédécesseur : il se vit enlever Mantoue, Ferrare, etc., et fut forcé de conclure à Trévise un armistice (16 janv. 1801), qui fut bientôt suivi de la paix de Lunéville. Président du Conseil aulique en 1805, il fut nommé en 1806 feld-maréchal, et administra de 1814 à 1815 les provinces autrichiennes d'Italie, où il sut se faire aimer.

BELLEGARDE (J. B. MORVAN, abbé de), né en 1648, mort en 1734, a trad. plusieurs ouvrages des Pères de l'Église, les œuvres de Thomas A-Kempis, le Manuel d'Épictète, la Destruction des Indes, de Las-Casas, et a composé une Histoire d'Espagne, 1716, et une Histoire universelle des voyages, 1707.

BELLE-ISLE ou BELLE-ISLE-EN-MER, Vindilis, île de la France, sur la côte du Morbihan, à 12 k. S. O. de la presqu'île de Quiberon; 16 k. sur 8; 8553 h. Place principale, le Palais. Prison politique. Pêche de la sardine. L'île appartint longtemps aux abbés de Quimperlé, qui, au XVIe, la cédèrent au maréchal de Retz, amiral de Bretagne. Fouquet l'acheta en 1638; le maréchal de Belle-Isle, son héritier, la céda en 1718 au duc d'Orléans. Elle fut prise par les Hollandais en 1674 et par les Anglais en 1761.

BELLE-ISLE-EN-TERRE, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 19 k. O. de Guingamp; 691 hab. Forges.

BELLE-ISLE (Ch. L. Aug. FOUQUET de), maréchal de France, né en 1684, à Villefranche en Rouergue, mort en 1761, était petit-fils du surintendant Fouquet. Après s'être distingué sous Louis XIV et sous la régence dans les guerres de Flandre et d'Espagne, il fut nommé en 1732 lieutenant général, et servit en 1734 sous le maréchal de Berwick. Habile négociateur, il contribua puissamment à assurer la Lorraine à la France (1736), et à faire élire empereur l'électeur de Bavière sous le nom de Charles VII. Maréchal depuis 1740, il prit une grande part à la guerre de la succession d'Autriche, commanda en Bohême et s'empara de Prague; mais, entouré par des forces supérieures, il fut forcé de quitter cette place, et fit alors une retraite qui fut universellement admirée (1742). Il alla ensuite défendre le Dauphiné et la Provence que menaçaient les Autrichiens et les Piémontais (1746). Appelé en 1757 au ministère de la guerre, il fit d'utiles réformes. — Son frère, connu sous le nom de chevalier de Belle-Isle, se fit tuer en 1746, en essayant de forcer le col de l'Assiette pour pénétrer en Piémont.

BELLÊME, ch.-l. de cant. (Orne), à 18 k. S. de Mortagne, 3018 h. Toiles jaunes, étoffes de coton; graines de trèfle, etc. Aux environs, belle forêt et sources minérales de la Herse. — Bellême était jadis une ville forte. Prise en 1114 par Henri I roi d'Angleterre, elle fut reprise en 1228 par S. Louis. Elle était autrefois la capit. de tout le Perche et en particulier de la vicomté de Bellême, qui appartenait à des seigneurs de la maison de Montgomery.