Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bedford, sur l'Ouse, à 80 k. N. O. de Londres, à 100 k. par chemin de fer ; 12 000 hab. Belle église gothique, beau pont; hôpital d'aliénés, pénitencier. manufactures de flanelle, dentelles. Commerce de blé, houille, fer. — Le comté, presqu'au centre de l'Angleterre, est entre ceux d'Huntingdon, Cambridge, Hertford, Buckingham, Northampton; 57 k. sur 35; 125 000 h. — Les premiers ducs de Bedford ont appartenu à la famille royale des Plantagenets : l'un d'eux, Jean, duc de Bedford, fut régent de France pour Henri VI. Dans la suite, le titre de duc de Bedford passa dans la maison de Russell. V. RUSSELL.

BEDFORD (J. PLANTAGENET, duc de), frère puîné du roi Henri V, né en 1389, mort en 1435, aida puissamment son frère à conquérir la France, fut nommé régent de ce royaume à la mort de ce prince, dont il proclama le fils (Henri VI) roi de France et d'Angleterre à la fois (1422), vainquit à Cravant (1423), à Verneuil (1424), et fut un moment maître de presque tout le royaume ; mais la délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc (1429), puis la défection du duc de Bourgogne (1434), mirent un terme à ses succès, et il se vit bientôt enlever la plus grande partie de ses conquêtes. C'était un des princes les plus accomplis de son temps ; mais il ternit sa gloire par le supplice de Jeanne d'Arc.

BEDJAPOUR, vulgairement VISAPOUR, v. de l'Inde anglaise (Bombay), dans le Decan, ch.-l. du district de Bedjapour et jadis du roy. de ce nom, à 370 k. S. O. de Bombay. Autrefois très-grande et très-riche, elle comptait près d'un million de maisons; auj. ce n'est plus qu'un immense amas de ruines, parmi lesquelles on remarque quelques beaux monuments : les mausolées des sultans Mohammed-chah et Ibrahim, la Djema mesdjid, superbe mosquée. Par l'étendue et la beauté de ses ruines elle a mérité d'être surnommée la Palmyre de l'Inde. — Le Bedjapour est borné au N. par l'Aurengabad, au S. par le Balaghat, le Maïssour, le Kanara; à l'E. par le Bider et l'Haïderabad, et baigné à l'O. par l'Océan Indien; 570 k. sur 300; 7 000 000 hab. Ce pays formait jadis un roy. mahométan important. Il fut soumis au XVIIe siècle par Aureng-Zeyb qui s'empara de la capitale en 1689, puis fut envahi par les Mahrattes; il a été au dernier s. conquis par les Européens. Il se divise aujourd'hui en Bedjapour anglais, Bedjapour tributaire des Anglais, et Bedjapour portugais. Le Bedjapour anglais, acquis en 1818, forme 5 districts, dits Konkan septentrional, Konkan méridional, Bedjapour, Anagoundi, Darouar. Le Bedjapour portugais ne consiste que dans Goa et le territoire environnant.

BEDLAM (corruption de Bethléem), hospice d'aliénés, situé hors des murs de Londres, au S. de la ville. Comme notre Bicêtre, il sert aussi de prison. Créé sous Henri VIII, rebâti en 1812.

BEDMAR (Alph. DE LA CUEVA, marquis de), prélat espagnol, né en 1572. Étant ambassadeur de Philippe III à Venise en 1618, il conspira contre cette république avec le gouverneur de Milan et le vice-roi de Naples, et forma le projet d'y anéantir le gouvernement républicain et de s'emparer de la ville au profit de l'Espagne. La conspiration ayant été déjouée, il s'éloigna précipitamment. Il fut depuis gouverneur de Flandre, évêque de Malaga et d'Oviédo ; le pape le nomma cardinal en 1722. Il mourut en 1655. L’Histoire de la conspiration de Venise a été écrite par St-Réal. Le fait de la conspiration, longtemps contesté, a été mis hors de doute par les documents publiés par L. Ranke à Berlin, en 1831.

BEDNOR, v. de l'Inde anglaise (présid. de Madras), dans le Kanara, sur le Cheravotty, à 230 k. N. O. de Seringapatnam ; 15 000 h. Jadis ch.-l. de tout le Kanara. Prise et reprise plusieurs fois; ravagée en 1763 par Haïder-Ali.

BÉDOUIN, bourg de France (Vaucluse), à 13 kil. E. de Carpentras; 2548 hab. Brûlé en 1794 par le représentant Maignet, comme repaire d'aristocrates.

BÉDOUINS, Arabes répandus dans les déserts de l'Arabie, de la Syrie, de l’Égypte, du Maghreb, mènent une vie nomade. Comme les autres Arabes, les Bédouins se divisent en tribus, qui obéissent à des cheiks, lesquels eux-mêmes reconnaissent un chef suprême ou émir. Ils sont, dans certains cas, aussi hospitaliers, que voleurs.

BÉDRIAC, v. de la Gaule Cisalpine, chez les Cénomans, entre Mantoue et Crémone. Les troupes d'Othon y furent vaincues en 69 par celles de Vitellius ; la même année, Vitellius y fut vaincu à son tour par Antonius Primus, lieutenant de Vespasien. On a cru en retrouver l'emplacement à San-Lorenzo, à Beverara ou à Cividale.

BÉELPHÉGOR. V. BELPHÉGOR.

BÉELZÉBUTH. V. BELZÉBUTH.

BEER (Guill.), astronome, né à Berlin en 1797, mort en 1850, était fils d'un riche banquier israélite. Tout en vaquant aux affaires, il cultivait les sciences : il construisit près de Berlin un observatoire où il travailla en commun avec Mædler, fit paraître en 1830 de savantes Observations sur Mars, et donna en 1836 une excellente Mappa selenographica, qu'il fit suivre en 1837 de la Sélénographie générale. — Son frère, Michel Beer, né en 1800, enlevé dès 1833, s'était déjà distingué comme poëte. On a de lui, outre des poésies lyriques, plusieurs tragédies qui ont été représentées avec succès à Munich : Clytemnestre, les Fiancées d'Aragon (1823), le Paria (1826), Struensée, son chef-d'œuvre (1827), l’Épée et la Main (1832). Ses Œuvres ont été réunies à Leipsick en 1835. — Le compositeur Meyer Beer, né en 1794, le célèbre auteur de Robert le Diable, des Huguenots, du Prophète, est le frère aîné des deux précédents.

BEETHOVEN (Louis), célèbre compositeur, né en 1770 à Bonn, mort en 1827, était fils d'un ténor de la chapelle de l'électeur de Cologne. Il alla à Vienne se former sous Mozart et Haydn, et devint l'égal de ses maîtres. Invité par le roi de Westphalie (Jérôme Bonaparte) à venir prendre la direction de sa chapelle, il fut retenu à Vienne par les libéralités de trois princes qui s'unirent pour lui assurer une pension de 4000 florins. Cet artiste fut de bonne heure affligé d'une surdité qui le rendit morose. On lui doit la musique de Fidelio, de Coriolan, d’Egmont, de Prométhée; il excella surtout dans la musique instrumentale, et composa un grand nombre de symphonies, de sonates, de concertos, etc. On y admire un génie hardi et original, et une instrumentation des plus riches. Il a laissé un Traité d'harmonie et de composition, qui a été traduit par Fétis, 1833. M. Schindler a donné la Vie de Beethoven, Leipsick, 1860.

BEFFROY DE REIGNY (Louis Abel), dit le Cousin Jacques, né à Laon en 1757, mort à Paris en 1811, se fit d'abord connaître par des compositions bizarres et originales, qui eurent une grande vogue, entre autres les Lunes du Cousin Jacques, 1785-1791 ; le Testament du Cousin Jacques, 1795 ; et commença en 1800 la publication d'un Dictionnaire des hommes et des choses, dont la police empêcha la continuation. Il n'eut pas moins de succès comme écrivain dramatique : il fit représenter Nicodème dans la Lune, Nicodème aux Enfers, la Révolution pacifique, 1790 ; le Club des bonnes gens, 1791, la petite Nanette, 1797, pièces pleines d'allusions aux événements du temps. Il composait lui-même la musique de ses pièces.

BÉFORT, v. d'Alsace. V. BELFORT.

BEG ou BEY, mot turc qui signifie prince ou seigneur. Ce titre avait jadis la plus haute importance; c'était le seul titre d'un grand nombre de souverains turcomans et de khans tartares, et entre autres de Tamerlan; il n'est guère usité auj. qu'après les noms propres comme titre honorifique et se donne aux chefs de distinction, aux fils de pachas, et même à des étrangers; dans l'armée, il répond à notre grade de colonel. Il n'y a plus de beys souverains que dans les États barbaresques : tels sont les beys de Tunis, de Tripoli. Dans la régence d'Alger, il y avait