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che, entre Brighton et Pevensey. Tourville y battit en 1690 une flotte anglaise.

BÉARN, prov. de l'anc. France, sur les confins de l'Espagne, avait pour bornes à l'O. la Navarre française et la Soule, à l'E. le Bigorre, au N. la Chalosse; 60 kil. sur 65. Elle faisait partie du gouvt de Béarn-et-Navarre, se divisait en 5 sénéchaussées, et avait pour capit. Pau. — Cette contrée était jadis habitée par les Beneharni; sous les Romains elle fut comprise dans la Novempopulanie; elle appartint ensuite aux Goths, aux Francs, aux Vascones ou Gascons (600, etc.), qui reconnaissaient toutefois la suprématie des ducs ou rois mérovingiens. Le Béarn fit partie de l'empire des Carlovingiens comme toute l'Aquitaine; il devint, au IXe siècle, une vicomté héréditaire, et eut dès lors pour vicomte Centule I, 2e fils de Loup, duc de Gascogne. Après l'extinction de cette 1re maison, en 1134, il passa aux vicomtes de Gabaret, puis aux Moncade (1170), et dans la maison de Foix (1290). Les vicomtés de Béarn et de Gabaret, suivant alors les destins du comté de Foix, finirent par entrer avec lui dans la maison d'Albret (1465), puis dans celle de Bourbon (1550). Ils furent réunis à la couronne de France par Henri IV, 1594; l'édit de réunion ne fut publié néanmoins qu'en 1620, sous Louis XIII. En 1790, le Béarn fut enclavé dans les dép. des Basses-Pyrénées et des Landes, où il forme les arr. d'Oloron, d'Orthez et de Pau. Les Basques, habitants du Béarn, ont conservé le costume, les mœurs du moyen âge, ainsi qu'une langue particulière. V. BASQUES.

BÉATES, institutrices de village répandues dans plusieurs départements du Midi, surtout dans la Haute-Loire, forment une congrégation dont l'origine remonte au XVIIe siècle; mais qui n'a été autorisée comme établissement d'utilité publique qu'en 1843. Leurs écoles sont en même temps des ouvroirs, où les jeunes paysannes se forment aux travaux d'aiguille, surtout à l'industrie de la dentelle.

BEATON (David), archevêque de St-Andrews en Écosse, né en 1494, de la famille des comtes de Fife, était neveu de James Beaton, qui avait été lui-même archevêque de St-Andrews, et qui fut chancelier d’Écosse, pendant la minorité de Jacques V. David Beaton fut un des plus zélés antagonistes de la Réforme en Écosse. Jacques V lui confia les sceaux et le chargea de missions importantes : c'est lui qui négocia le mariage de ce prince, d'abord avec Marguerite de France (1533), puis avec Marie de Lorraine (1538). Il fut nommé cardinal la même année. Après la mort du roi (1542), il devint chancelier de la jeune reine Marie Stuart. Il exerça sous son nom l'autorité avec beaucoup de rigueur, chassa J. Knox de l'Université de St-Andrews, fit brûler plusieurs hérétiques et s'attira tant de haine qu'il périt assassiné (1547).

BÉATRIX (Ste), fut condamnée à mort sous Dioclétien (303) pour avoir donné la sépulture à ses frères, S. Sulpice et S. Faustin, qui avaient subi le martyre. On l'hon., avec ses frères, le 29 juillet.

BÉATRIX, nom de plusieurs princesses du moyen âge, dont les plus connues sont : Béatrix de Bourgogne, fille de Renaud, comte de Bourgogne, qui épousa en 1156 l'empereur Frédéric I et lui apporta en dot la Bourgogne Cisjurane et la Provence; — Béatrix de Savoie, qui épousa en 1220 Raymond Bérenger, comte de Provence, et qui favorisa les poëtes; — Béatrix de Provence, fille de la préc. et de Raymond Bérenger IV, dernier comte de Provence; elle épousa en 1245 Charles d'Anjou, frère de Louis IX, depuis roi de Naples, union qui prépara l'annexion de la Provence à la France.

BÉATRIX, femme illustrée par le Dante, qui s'éprit d'elle dès son enfance, et lui consacra une place dans tous ses ouvrages, était de Florence et issue de la famille des Portinari : née en 1266, elle mourut en 1290 à peine âgée de 24 ans, dans la fleur de sa beauté.

BEATTIE (James), écrivain écossais, docteur en théologie, né en 1735 à Laurencekirk (Kincardine), mort en 1803, était fils d'un fermier. D'abord maître d'école, il devint en 1760 professeur de philosophie au collège Maréchal à Aberdeen. Cultivant à la fois la poésie et la philosophie, il publia le Jugement de Pâris (1765), le Ménestrel (1774-77), l'Ermite, ainsi que plusieurs autres poésies qui eurent beaucoup de succès, et composa des essais estimés sur la Poésie et la Musique (1762), sur le Rire et les ouvrages de plaisanterie (1764), sur la Nature et l'immutabilité de la Vérité (1770 et 1776); dans ce dernier ouvrage, le plus connu de tous, il combat, comme l'avait déjà fait son compatriote Reid, les sophismes de Berkeley et de Hume. On lui doit encore des essais sur les Songes, sur le Langage, sur l’Utilité des études classiques, et des Éléments de morale (17$0-93), trad. par M. C. Manet, 1840. W. Forbes a donné à Londres en 1806 une notice sur sa vie et ses écrits.

BEAUCAIRE, Ugernum, Bellum Quadrum en lat. moderne, ch.-l. de cant. (Gard), près de la r. dr. du Rhône, à 25 kil. E. de Nîmes par la route, 28 par chemin de fer, vis à. vis de Tarascon, auquel l'unit un beau pont; 9694 hab. permanents. Station. Commerce en grains, farine, vins. Il s'y tient tous les ans une foire célèbre, établie en 1217 par Raymond VII, comte de Toulouse. Jadis il y venait des marchands, d'Espagne, d'Italie, et même de la Grèce, du Levant, de l'Égypte. La foire se tient dans la ville et dans une longue prairie au bord du Rhône; elle commence le 1er juillet et dure jusqu'au 28. — Le Canal de Beaucaire, ouvert en 1773, part du Rhône près de Beaucaire et se termine à Aigues-Mortes.

BEAUCE (la), anc. pays de France, compris jadis dans le gouvt de l'Orléanais, embrassait le pays Chartrain, le Dunois, le Vendomois, le Hurepoix. Souvent on restreignait le nom de Beauce au pays Chartrain. Villes principales : Chartres, ch.-l., puis Bretigny, Nogent-le-Roi, Gallardon, Épernon, Maintenon, Bonneval. La Beauce propre est toute en plaines; elle produit surtout des blés, et est renommée par sa fertilité. Elle forme env. la moitié du dép. d'Eure-et-Loir et partie de celui de Loir-et-Cher.

BEAUCHAMP (Alphonse de), homme de lettres, né à Monaco en 1767, d'un père français, mort en 1832; servit d'abord dans les troupes sardes, revint en France à l'époque de la Révolution, occupa un emploi dans les bureaux de la sûreté générale, puis de la police, où il recueillit de précieux matériaux pour ses ouvrages, et se livra presque tout entier aux lettres. On lui doit une Histoire de la Vendée, qui parut d'abord en 1806, 3 vol. in-8, et qui eut plusieurs édit. On a aussi de lui une Hist. de la captivité de Pie VII, 1814; une Vie du général Moreau, 1814; et de nombreux articles dans la Biographie universelle.

BEAUCHAMPS (P. GODARD de), littérateur, né à Paris en 1689, mort en 1761, a traduit du grec les Amours d'Ismène et d'Isménias, d'Eustathe, 1742; les Amours de Rhodanthe et de Dosiclès, de Prodrome, 1746, et a publié, outre des romans et des pièces de théâtre, auj. oubliées, d'intéressantes Recherches sur les théâtres de France, 1735.

BEAUCHÊNE, petit pays du Dauphiné, aux env. de Gap (Hautes-Alpes), dont les lieux principaux étaient St-Julien-en-Beauchêne et St-André-en-Beauchêne, dans les cantons d'Aspres et de La Faurie.

BEAUFORT, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), sur le Couesnon, à 16 k. S. O. de Baugé; 2629 h. Toile à voile, etc. Érigé en comté en 1340, acheté en 1469 par le roi René qui le laissa à sa femme Jeanne de Laval. — Ch.-l. de c. (Jura), à 16 k. S. O. de Lons-le-Saulnier; 787 hab. — Ch.-l. de c. du dép. de Savoie, à 16 k. d'Albertville; 3150 h. Fromages.

BEAUFORT-MONTMORENCY, anc. seigneurie, située en Champagne, à 38 kil. S. de Châlons, fut érigée en duché par Henri IV pour Gabrielle d'Estrées, 1597.

BEAUFORT (Henri), prélat anglais, frère de Henri IV, roi d'Angleterre, fut évêque de Lincoln, puis de Winchester, chancelier d'Angleterre, cardinal et ambassadeur en France, et couronna roi de France en 1430, à Notre-Dame de Paris, le jeune Henri VI, amené