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de betterave (faite par Margraff dès 1747), et reçut du roi de Prusse le domaine de Kunern en Silésie pour y exploiter en grand la nouvelle industrie. Admis à l'Académie de Berlin, il y devint directeur de la classe de physique.

ACHAZ, roi de Juda (737-723), fils et successeur de Joathan, est fameux par son impiété. Il avait d'abord vaincu Razin, roi de Syrie ; mais, ayant élevé des autels aux faux dieux, et leur ayant même consacré son fils, Dieu permit qu'il fût vaincu à son tour par Razin et par Phacée, roi d'Israël. Il eut alors recours à Téglath-Phalasar, roi d'Assyrie, auquel il donna tout l'or du temple de Jérusalem pour obtenir son secours. Il mourut détesté et fut privé de la sépulture des rois. C'est sous son règne qu'est mentionné pour la première fois le cadran solaire.

ACHÉENNE (Ligue). Après avoir été, comme tout le reste de la Grèce, subjugués par les rois de Macédoine, les Achéens secouèrent le joug en 280 av. J.-C. et reconstituèrent la confédération qu'ils avaient formée dès les temps les plus anciens (V. ACHAÏE). Cette nouvelle confédération, connue sous le nom de Ligue achéenne, avait à sa tête un stratège (général), élu par tous les habitants. Elle admit dans son sein les principales villes du Péloponèse, fonda Mégalopolis, dont elle fit sa capitale, et conserva son indépendance pendant 138 ans. Elle dut principalement ses succès aux talents d'Aratus et de Philopémen. Elle combattit longtemps contre les Macédoniens et les Romains pour la liberté de la Grèce ; mais battue à Scarphée par Métellus, et à Leucopétra par Mummius, elle fut anéantie peu après la prise de Corinthe, 146 av. J.-C.

ACHÉENS, Achæi. V. ACHAÏE et ACHÉENNE (Ligue).

ACHÉLOUS, Aspropotamo, riv. de l'anc. Grèce, séparait l'Acarnanie de l'Étolie et se jetait dans la mer Ionienne. C'est sur ses bords que la Fable place la mort du centaure Nessus.

ACHÉLOUS, dieu du fleuve de ce nom et père des Sirènes. Épris des charmes de Déjanire, il osa la disputer à Hercule : vaincu dans une première lutte, il revint au combat sous la forme d'un serpent, et ensuite sous celle d'un taureau : mais il ne fut pas plus heureux cette fois, et il céda le champ à son redoutable adversaire. Selon quelques mythologues, c'est d'une des cornes qu'Hercule lui arracha que fut formée la Corne d'abondance.

ACHEM, État formé dans la partie N. O. de Sumatra, occupait au XVIe siècle la moitié de l'île, mais est à peu près réduit auj. à la capitale, qui porte le même nom, et à ses environs immédiats. Les Achémois sont mahométans. — La v. d'ACHEM, située à la pointe N. O. de Sumatra, a 8 000 maisons, bâties sur pilotis. Fonderie de canons. Grand commerce. Aux environs, mines d'or et d'argent.

ACHÉMÉNES, est considéré comme le chef d'une famille puissante de la tribu des Pasargades qui régna en Perse, et dont descendaient Darius et Cyrus. Ses descendants furent appelés de lui Achéménides. On le croit le même que le Dchemchid ou Djemchid du Zend-Avesta, dont le nom aurait été défiguré par les Grecs. Chez les poëtes Achéménie et Perse sont souvent synonymes.

ACHÉMÉNIDES, descendants d'Achémènes.

ACHEN, petite riv. d'Allemagne, passe du Tyrol en Bavière et se jette dans le lac de Chient, après un cours de 55 kil. — Riv. d'Autriche qui, jointe au ruisseau d'Ober-Salz, donne naissance à la Salza. Elle se précipite dans le gouffre de Tauern de plus de 660 m de haut.

ACHENWALL (Gottlieb), créateur de la statistique, né en 1719 à Elbing, en Prusse, mort à Gœttingue en 1772, professa, d'abord à Marbourg, puis à Gœttingue, l'histoire et le droit de la nature et des gens. Il a publié la Constitution des royaumes et États de l'Europe (1748). C'est lui qui créa le nom de statistique aussi bien que la chose.

ACHÉRON, nom commun à deux riv., l'une, en

Épire, passe à Pandasïe, reçoit le Cocyte et tombe dans la mer Ionienne au Glykys Limen ; l'autre, dans l'Italie méridionale, baigne une autre Pandosie et tombe dans le golfe Térinéen (auj. de Ste-Euphémie) ; c'est le Crisaora actuel. — Les poëtes ont fait de l'Achéron un fleuve des enfers ; quelquefois ils désignent par ce nom l'enfer même. V. acherusia.

ACHERUSIA palus, c'est-à-dire marais achérontique, nom donné : 1° à des marais formés sur le bord de l'Achéron d'Épire, vers son embouchure ; 2° à un lac d'Égypte au S. de Memphis. Dans une île de ce lac était une nécropole où les morts n'étaient admis qu'après des formalités qui simulaient une épreuve judiciaire. De là les tables sur le jugement rendu aux enfers, sur les fleuves infernaux, sur le nautonnier Charon, qui n'est que l'Achéron personnifié, fables qui toutes sont d'origine égyptienne. — On donnait aussi le nom d’Acherusia palus au lac Fusaro actuel, situé dans la Campanie.

ACHÉRY (dom Luc d'), savant Bénédictin de la congrégation de St-Maur, né à St-Quentin en 1609, mort à Paris en 1685, rechercha avec le plus grand soin les pièces inédites qui pouvaient intéresser l'histoire ecclésiastique, et en publia un grand nombre. La plus importante de ses publications est Veterum aliquot scriptorum qui in Galliæ bibliothecis, maximæ Benedictinorum, latuerant, Spicilegium, 13 vol. in-4, Paris, 1653-1677 ; réimprimés en 1723, 3 vol. in-fol., précieux recueil qui contient une foule de diplômes, de chartes d'actes de conciles, etc.

ACHEUX, ch.-l. de c. (Somme), à 19 kil. S. E. de Doulens ; 803 hab.

ACHILLAS, ministre et général de Ptolémée-Denys, roi d'Égypte, conseilla à ce prince de faire périr Pompée, et fit lui-même exécuter ce meurtre par l'eunuque Pothin. Il n'en fut pas moins mis à mort par César (48 av. J.-C.), qui l'avait battu et pris dans la guerre d'Alexandrie.

ACHILLE, fils de Thétis et de Pélée, roi de la Phthiotide, le plus brave des héros qui se signalèrent au siège de Troie. A sa naissance, Thétis le plongea dans le Styx, ce qui le rendit invulnérable dans toutes les parties du corps, excepté au talon par où elle le tenait. Il fut élevé par le centaure Chiron, qui lui donna l'éducation la plus mâle, et l'instruisit dans les sciences de son temps, et par Phoenix, qui le forma à l'éloquence et à la guerre. Lorsque les Grecs se préparaient au siège de Troie, Thétis, sachant qu'il y devait périr, l'envoya, déguisé en femme, sous le nom de Pyrrha, à la cour de Lycomède, dans l'île de Scyros ; mais Ulysse découvrit le lieu de sa retraite ; et l'ayant amené par une ruse habile à révéler son sexe et à trahir son ardeur martiale, il le conduisit au siège de Troie. Achille ne tarda pas à s'y distinguer par les plus grands exploits ; mais Agamemnon lui ayant ravi Briséis, jeune captive qu'il chérissait, le héros, irrité de cet affront, se retira dans sa tente et ne voulut plus combattre, laissant les Grecs exposés aux coups des Troyens. Cependant, à la nouvelle de la mort de Patrocle, son ami, tué par Hector, il reprit les armes pour le venger. Il tua Hector, et, dans sa fureur, traîna trois fois son corps autour des murs de Troie, attaché par les pieds à son char. Dans la 10e année de la guerre, Achille allait, pendant une trêve, épouser Polyxène, fille de Priam, quand Paris le blessa mortellement d'un coup de flèche au talon. Homère le fait expirer sur le champ de bataille (Odyssée, ch. xxiv, v. 36). Pendant son séjour à la cour de Lycomède, Achille avait épousé secrètement Déidamie, fille du roi, et en avait eu un fils Pyrrhus ou Neoptolème. On racontait des merveilles des armes d'Achille : on disait que sa lance avait le pouvoir de guérir les blessures qu'elle avait faites (V. TÉLÈPHE), ce qui pourrait signifier que le héros savait guérir les blessures aussi bien qu'il savait les faire : il avait en effet appris du centaure Chiron l'art de guérir. La colère d'Achille après l'enlèvement de