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BARNAVE (Pierre-Joseph-Marie), né en 1761 à Grenoble, était déjà célèbre dans cette ville comme avocat lorsqu’éclata la Révolution. Partisan des idées nouvelles, il fut nommé député du tiers état aux États généraux par le Dauphiné, et bientôt il s’acquit, par son éloquence et son ardent amour pour la liberté, une très-haute influence et une grande popularité. Il parla dans toutes les discussions importantes, et souvent il osa lutter contre Mirabeau. Barnave, qui avait combattu avec énergie la royauté tant qu’il s’agissait de faire reconnaître les droits du peuple, voulut combattre pour la royauté lorsqu’il fut question de lui enlever à elle-même ses droits légitimes. Dès ce moment, sa popularité chancela, et il la perdit bientôt entièrement. Ayant été envoyé comme commissaire à Varennes, après l’arrestation de Louis XVI dans cette ville, il revint dans la voiture même du roi pour mieux assurer son retour, mais il lui témoigna les plus grands égards, ainsi qu’à la reine. Cette noble conduite le fit regarder comme un déserteur de la cause du peuple. Après la session, il se retira à Grenoble : il y exerçait les fonctions de maire lorsque l’ouverture de l’armoire de fer vint, après la journée du 10 août, découvrir une correspondance qu’il avait entretenue avec la cour dans les derniers temps ; il fut arrêté le 19 août 1792, resta 15 mois dans les prisons de Grenoble, et fut ensuite conduit à Paris, où il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire. Il n’avait que 32 ans. Un de ses plus éloquents discours est celui qu’il prononça devant ses juges. Il laissait de nombreux manuscrits, qui ont été publiés en 1843 par les soins. de M. Bérenger, sous le titre d’Œuvres de Barnave.

BARNES (Josué), savant helléniste, né à Londres en 1654, mort en 1712, fut professeur de grec à Cambridge. Il a laissé, outre plusieurs ouvrages originaux, des éditions estimées d’Euripide, Cambridge, 1694 ; d’Anacréon, 1705 ; et d’Homère, 1710. Il avait beaucoup d’érudition, mais peu de jugement et de goût, ce qui fit dire au spirituel Bentley que Barnes savait le grec aussi bien qu’un savetier d’Athènes.

BARNET, b. d’Angleterre (Hertford), à 16 k. N. O. de Londres ; 2400 hab. Warwick, alors général de Henri VI, y fut battu et tué par Édouard d’York, 1471.

BARNEVELDT (Jean OLDEN-), grand pensionnaire de Hollande, magistrat intègre, négociateur habile, et ardent ami de la liberté de son pays, naquit en 1549 à Amersfoort, remplit diverses missions près d’Élisabeth, de Jacques I et de Henri IV, et eut la gloire de conclure avec l’Espagne en 1609 le traité qui assurait l’indépendance des Provinces-Unies. À la tête du parti républicain, il s’opposa de tout son pouvoir à l’ambition du stathouder Maurice de Nassau, qui menaçait la liberté de la Hollande ; il se vit par là exposé aux attaques les plus violentes. Deux fois il voulut se retirer des affaires ; il ne fut retenu que par les instances des députés des États. Maurice, ayant enfin pris le dessus, le fit condamner comme hérétique en 1618 par le synode calviniste de Dordrecht, parce qu’il avait embrassé la doctrine des Arminiens, et l’année suivante il le fit juger par une commission et condamner à mourir sur l’échafaud l’accusant d’avoir livré son pays aux Espagnols. Il subit le supplice avec la plus grande fermeté. Barneveldt était âgé de 70 ans. Sa mort a fourni à Lemierre le sujet d’une tragédie. — Il laissa deux fils, René et Guillaume. Le deuxième avait conçu le projet d’assassiner Maurice pour venger son père, et avait communiqué son dessein à René qui, sans l’approuver, n’avait cependant pas voulu le dénoncer. Le complot ayant été découvert, Guillaume échappa par la fuite ; René fut pris, et, quoiqu’innocent, il fut mis à mort (1623).

BARNEVILLE, ch.-l. de c. (Manche), à 25 kil. S. O. de Valognes ; 604 hab. Église romane.

BAROCHE (Frederico BAROCCI, dit le), célèbre peintre italien, né à Urbin en 1528, d’une famille qui avait déjà produit plusieurs artistes distingués, se forma d’abord par l’étude des tableaux de Raphaël et du Titien ; puis, quittant le sublime pour le gracieux, prit le Corrége pour modèle. Appelé à Rome par Pie IV, il exécuta pour ce pape plusieurs grands ouvrages de peinture au palais du Belvédère. Pendant son séjour à Rome, quelques peintres, jaloux de ses succès, tentèrent de l’empoisonner ; il m’avait alors que 32 ans ; les soins qu’il reçut aussitôt l’arrachèrent à la mort, mais sa santé en fut profondément altérée pour le reste de ses jours. Il vécut cependant encore longtemps et put produire de nouveaux chefs d’œuvre. Il mourut à Urbin à 1612, à 84 ans. Ceux de ses tableaux qu’on estime le plus sont une Déposition de croix, le Pardon, l’Annonciation, le Martyre de S. Vital. Le Louvre possède de ce maître un S. Antoine, une Ste Lucie et une Madone. Il se distingue par la noblesse du style et la pureté du goût.

BARODE, v. de l’Inde anglaise (Bombay), ch. l. de district, dans le Guzzerat, à 130 kil, N. de Surate ; 100 000 hab. Beau port, vastes citernes, pagodes, hôpitaux, quelques beaux monuments, restes de la puissance des Mogols. La v. a beaucoup souffert d’un tremblement de terre en 1819.

BARŒUL, petit pays de l’anc. Flandre, donne son nom à Marc-en-Barœul et à Mons-en-Barœul (Nord).

BARON, faron ou varon (dérivé du vieil all. bar, libre, ou selon d’autres du lat. vir, homme). Ce titre n’était guère employé avant le VIe siècle. À cette époque on nommait communément hauts barons tous les grands du royaume, tous ceux qui exerçaient dans leur plénitude les droits féodaux, qu’ils fussent ducs, comtes ou évêques. Le titre de baron eut beaucoup d’éclat aux XIe, XIIe et XIIIe siècles. Les princes du sang et les fils du roi le préférèrent souvent à celui de comte ou de duc. Les Montmorency se qualifiaient de premiers barons de France, de premiers barons chrétiens. — De nos jours, le titre de baron n’est plus qu’un titre de noblesse conféré par le roi ou l’empereur et inférieur à celui de comte.

BARON (Michel BOYRON, dit), célèbre acteur, né à Paris en 1653, fut l’élève et l’ami de Molière. Doué par la nature des plus heureux dons, il sut encore les perfectionner par l’art, et mérita d’être appelé le Roscius de son siècle. Après avoir parcouru quelque temps la province, il vint à Paris et s’engagea dans la troupe de Molière. À la mort de son ami, il passa à l’hôtel de Bourgogne. Il quitta le théâtre dans la force de l’âge et du talent, à 39 ans (1691). Cependant il reparut sur la scène après une absence de près de trente ans, à l’âge de 67 ans (1720) ; il semblait n’avoir rien perdu. Il mourut en 1729. À la fois grand comique et grand tragédien, il créa plusieurs des plus beaux rôles des pièces de Molière et de Racine. Baron a composé lui-même quelques comédies : la plus connue est l’Homme à bonnes fortunes. On a dit qu’il était non seulement l’auteur et l’acteur principal, mais aussi le héros de cette pièce. Il a aussi traduit l’Andrienne de Térence. Son théâtre a été imprimé à Paris, 1759, 3 v. in-12.

BARONIUS (César), cardinal, né en 1538 à Sora, dans le roy. de Naples, mort en 1607, devint, en 1593, général de la congrégation de l’Oratoire en Italie. Clément VIII le choisit pour confesseur et le nomma en 1596 cardinal et bibliothécaire du Vatican. Il fut deux fois sur le point d’être lui-même nommé pape. Il a composé des Annales ecclésiastiques, 12 vol. in-fol., Rome, 1588-1593 : elles embrassent toute l’histoire de l’Église depuis les premiers temps jusqu’en 1198. Malgré quelques erreurs de détail, surtout dans la partie chronologique, ce grand ouvrage, entrepris pour rectifier ce qu’il y avait d’inexact dans les Centuries de Magdebourg, est resté classique en son genre. Il a été continué par Rainaldi, Laderchi et Theiner. L’ouvrage entier a été réimprimé à Lucques, en 38 vol. in-fol., 1738-57.

BARONNET, titre de noblesse créé en Angleterre en 1611, par Jacques I, vient après celui de baron et est héréditaire. Ce titre, qui donne droit de pla-