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donne ce nom aux 4 semaines qui précèdent la fête de Noël ou la venue de J.-C. L’Avent commence aujourd’hui le 1er dimanche qui suit le 26 novembre. Autrefois il commençait à la St-Martin d’hiver (qui a lieu le 11 novembre).

AVENTICUM, auj. Avenches. V. ce nom.

AVENTIN (mont), auj. Monte di Santa-Sabina, une des sept collines sur lesquelles Rome était bâtie, et de toutes la plus méridionale, était située entre le Tibre, le mont Cœlius et le mont Palatin. Elle fut réunie à la ville par Ancus Martius. Sur l’Aventin se voyaient, entre autres monuments, le temple de la Liberté et un temple de Diane. Le peuple mécontent des patriciens s’y retira plusieurs fois, notamment en 493 et 449. V. MONT SACRÉ.

AVENTIN (Jean THURMAIER, plus connu sous le nom d'), écrivain bavarois, né à Abensberg (Aventinum) vers 1476, mort en 1534, fut chargé en 1512 d’élever les fils du duc de Bavière, et composa par ordre de ce prince, sous le titre d’Annales Boiorum (Munich, 1554, et Leipsick, 1710, in-fol.), une histoire de la Bavière, classique pour ce pays. On a aussi de lui une Grammaire latine (en latin).

AVENTURIERS, nom donné à ces milices qui, au moyen âge, vendaient leurs services au plus offrant, et se composaient d’un ramas de gens sans aveu, dont le plus grand nombre sortait d’Italie. Suivant les temps et les lieux, ils servaient à pied, en cavalerie légère, en lances garnies ou en troupes régulières. On les voit figurer en France depuis Louis le Jeune jusqu’à Charles V vers 1370, époque de la création des premiers régiments français. V. CONDOTTIERI et COMPAGNIES (Grandes).

AVENZOAR, médecin arabe, juif de religion, né à Pénaflor vers 1070, mort en 1161, obtint de grands succès par son habileté en médecine, fut néanmoins chassé de son pays par les intrigues des envieux, trouva un protecteur dans Yousef-ben-Tachfin, prince de Maroc, et eut pour disciple le célèbre Averroès. Il a laissé un traité de médecine, qui a été trad. en latin sous ce titre : Rectificatio medicationis et regiminis, Venise, 1490 ; Lyon, 1531 ; et deux traités des Fièvres, trad. en lat. à Venise, 1578, ouvrages dans lesquels on trouve encore à profiter aujourd’hui.

AVERNE, Averno ou Tripergola, lac de la Campanie, à 16 kil. O. de Naples, au fond du golfe de Baia. Il a la forme d’un puits fort profond. Il s’en exhalait des vapeurs méphitiques, ce qui le fit regarder chez les anciens comme l’entrée des Enfers. Les marais insalubres qui l’environnaient ont été depuis convertis en vignobles. Le lac d’Averne, récemment assaini et uni à la mer par un canal, forme auj. un magnifique port de guerre (1860).

AVERROÈS, dont le vrai nom est Ibn-Rochd, philosophe arabe, né à Cordoue vers 1120, mort à Maroc en 1198, ou selon d’autres en 1206, commenta en entier les œuvres d’Aristote : aussi le nommait-on le Commentateur. Il cultiva la médecine, qu’il avait étudiée sous Avenzoar, et fut médecin de la cour de Maroc ; mais il s’attacha plutôt à la théorie qu’à la pratique. Il eut en religion des sentiments très-hardis, et fut quelque temps inquiété pour ce motif. Dans sa philosophie, il allia aux doctrines d’Aristote celles des Alexandrins sur l’émanation, et enseigna qu’il existe une intelligence universelle à laquelle tous les hommes participent, que cette intelligence est immortelle, mais que les âmes particulières sont périssables. On a d’Averroès des Commentaires sur Aristote, publiés en latin, Venise, 1595, in-fol. ; un recueil d’écrits sur la médecine, connu sous le titre de Collyget, corruption du mot arabe kullyyat (c.-à-d. le livre de tous), Venise, 1482 ; des Commentaires sur les canons d’Avicenne, Venise, 1484 ; la Destruction de la Destruction des philosophes d’Algazel, etc. Longtemps on ne connut Aristote en Europe que par des trad. latines faites sur la trad. arabe d’Averroès ; ses commentaires jouissaient d’une autorité presque égale à celle du maître. Sa doctrine, combattue par S. Thomas, fut condamnée en 1240 par l’Université de Paris, et en 1512 par le concile de Latran. Averroès ne s’accordait pas toujours dans ses commentaires avec Alexandre d’Aphrodisie, ce qui divisa toute l’école en deux sectes, celle des Averroïstes et celle des Alexandristes. On doit à M. Renan de savantes recherches sur Averroès et l’Averroïsme, 1852 et 1860.

AVERSA, Atella ? v. de l’Italie mérid. (Terre de Labour), à 15 kil. N. de Naples ; 16 000 hab. Évêché, hospice d’enfants trouvés et d’aliénés. Ce fut la première possession des Aventuriers normands en Italie : Rainolf fut comte d’Aversa dès 1030. Le comté d’Averse (fief d’empire) devint en 1061 principauté de Capoue et fief du St-Siége. C’est dans Aversa que fut étranglé André de Hongrie, époux de Jeanne, reine de Naples (1345).

AVES (îles), ainsi nommées de la multitude d’oiseaux, aves, qu’on y trouve, îles de la mer des Antilles, par 69° 15' long. O., 11° 50' lat. S., sont fort petites (la principale a 6 kil. de long) et ne sont habitées que par quelques pêcheurs hollandais. Guano.

AVESNES, Avenæ, ch.-l. d’arrond. (Nord), sur 1'Helpe-Majeure, à 100 kil. S. E. de Lille ; 2825 hab. Place forte, trib. de 1re inst., collége. Cathédrale dont la tour a 100m de haut et renferme un beau carillon. — Cette ville, bâtie au XIe s., appartint successivement aux comtes de Hainaut, de Hollande, de Zélande. Prise par Louis XI, puis par les Espagnols, 1559 ; cédée à la France, 1659, et fortifiée par Vauban ; prise par les Russes, en 1814 ; presque détruite en 1815 par l’explosion d’une poudrière, rebâtie en moins d’un an.

AVESNES LE COMTE, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), sur l’Hèpre, à 22 kil. S. E. de St-Pol ; 1427 hab.

AVEYRON, Vermine, riv. de France, naît prés de Séverac, baigne Rodez, Villefranche, Najac, St-Antonin, Bruniquel, et se perd dans le Tarn, près de Meauzac, après un cours de 225 kil., dirigé généralement vers le S. O.

AVEYRON (dép. de l'), borné au N. par le dép. du Cantal, au S. par ceux du Gard., de l’Hérault, du Tarn, à l’E. par ceux du Gard et de la Lozère, à l’O. par ceux du Tarn, de Tarn-et-Garonne et du Lot ; 8 821 k. carr. ; 396 025 hab. ; ch.-l. Rodez. Il est formé de l’anc. Rouergue. Hautes montagnes. Fer, plomb soufre, alun, antimoine, houille, marbre, grès, plâtre. Grains, truffes, pâturages, fromages (de Roquefort et autres), moutons, vers à soie. Commerce de laine, bestiaux, sulfate de fer, alumine, etc. Eaux minérales (à Cransac). — Le dép. contient 5 arr. (Espalion, Rhodez, Ste-Affrique, Villefranche, Milhau), 42 c., 282 communes ; il dépend de la 8e div. milit., de la cour impér. de Montpellier et du diocèse de Rodez.

AVIANUS, poëte latin. V. AVIENUS.

AVICEBRON, auteur de deux traités mystiques, intitulés : Source de le vie et Source de la sagesse, souvent cités par les scolastiques. On l’a longtemps pris pour un philosophe arabe, mais M. Munk a récemment démontré qu’il n’était autre qu’Ibn-Gebirol, savant juif espagnol du XIe siècle, mort à Malaga en 1070. M. Munk a traduit en français la Source de la vie, 1857, in-8.

AVICENNE, dont le vrai nom est Abou-Ibn-Sina, célèbre philosophe et médecin arabe, né près de Chiraz en Perse vers l’an 980, étudia à Bokhara, embrassa toutes les sciences, et s’adonna surtout à la médecine. Il jouit d’une telle réputation, que plusieurs princes de l’Asie l’appelèrent à leur cour : le roi de Perse l’employa à la fois comme vizir et comme médecin. Il cultiva aussi avec succès la philosophie, et fut un des premiers à étudier et à faire connaître Aristote. Il composa d’après ce philosophe des traités de logique et de métaphysique, où il se montre souvent penseur original. Après avoir mené une vie fort agitée et pleine de vicissitudes, il mourut à Hamadan, en 1037, épuisé à la fois par l’excès du travail et de la débauche. Avicenne est à la fois l’Hippocrate et l’Aristote des Arabes : pendant plu-