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fleuves dont quelques-uns ont jusqu'à 3500 kil. de cours; les princip. sont : au S. O. , l'Euphrate, le Tigre, qui se jettent dans le golfe persique; au S., le Sindh ou Indus, le Gange, le Brahmapoutra et l'Iraouaddy, qui se jettent dans la mer des Indes ; à l'E., le Kiang, l'Hoang-ho, l'Amour, dans le Grand Océan; au N., la Léna, le Iénissei, l'Obi, dans la mer Glaciale; au centre, l'Oural, le Kour, dans la mer Caspienne; le Sir-Daria, dans la mer d'Aral. L'Asie centrale renferme beaucoup de steppes et de déserts : tels sont les steppes des Kirghiz, d'Ichim, de Barabra, le désert de Kobi, le désert central, ceux de Kharism, de Mékran, d'Adjmir et d'Arabie. Le climat et le sol varient comme les latitudes et les hauteurs. La partie méridionale est d'une richesse extraordinaire. L'Asie fournit les plus beaux diamants connus, des pierres précieuses, de l'or et de l'argent; les autres métaux s'y trouvent également en abondance. Les plantes indigènes les plus remarquables sont : l'arbre à thé, le cotonnier, le caféier, l'indigotier, le manguier, le camphrier, le cannellier, le mûrier, le poivrier, le muscadier, le giroflier, le sandal, la canne à sucre, le cerisier, originaire du Pont, le pêcher et l'oranger qui nous viennent l'un de la Perse, l'autre de l'Inde ou de la Chine. Presque toutes les plantes aromatiques et les épices sont asiatiques. C'est aussi à l'Asie (à l'Arabie), que semblent avoir appartenu primitivement le cheval, le chameau, le dromadaire ; on y trouve le chevreuil à musc, la chèvre du Thibet; l'hermine, le rhinocéros unicorne , le tigre, etc. On compte en Asie trois races humaines princip. : la caucasienne, la mongole et la malaise, auxquelles il faut joindre la sibérique. On y parle une infinité de langues : l'arabe moderne, le turc, l'hindoustan, le chinois, le mandchou, le japonais etc.; on y cultive aussi plusieurs langues mortes,'le zend, le sanscrit et l'arabe ancien. Six religions différentes y dominent : le Christianisme, le Mahométisme, le Sabéisme, le Châmanisme, le Brahmisme et le Bouddhisme. – On reconnaît l'Asie pour le berceau du genre humain : la Chine, l'Inde, la Chaldée, se disputent l'honneur d'avoir été la première contrée civilisée. On trouve en effet la plupart des arts en Asie de temps immémorial : l'acier, la pourpre, la porcelaine, l'art de faire des tapis, l'imprimerie, la boussole, y sont connus depuis des siècles; mais ces arts y sont restés stationnaires. C'est là aussi que se sont formés les plus grands empires connus, ceux d'Assyrie, de Babylone, de Perse, l'empire d'Alexandre, ceux des Arabes, des Tartares Mongols; mais la plupart de ces puissances colossales se sont écroulées aussi vite qu'elles s'étaient élevées. – Longtemps les Grecs ne connurent de cette grande contrée que l'Asie-Mineure, la Colchide, la Syrie; les relations des Grecs avec les Perses et les conquêtes d'Alexandre étendirent ces connaissances. Au IXe siècle se multiplièrent les pèlerinages au tombeau du Christ; à la fin du XIe commencèrent les croisades; aux XIIIe et XIVe siècles eurent lieu les voyages de Marco Paolo, Rubruquis, Duplan de Carpin, etc. Au XVe siècle, Vasco de Gama arriva dans l'Inde en doublant le cap de Bonne-Espérance (1497), et bientôt après on connut la Chine, le Japon, ainsi que les îles qui les avoisinent. Mais ce n'est que dans ces derniers temps que toutes ces contrées, surtout l'Asie centrale ont été vraiment explorées.

ASIE ANCIENNE. Les bornes de l'Asie connue des anciens étaient à l'O. le Tanaïs (Don), le Palus Mœotis (mer d'Azof), le Pont-Euxin (mer Noire), la mer Égée (Archipel); au S. le golfe Arabique et la mer Érythrée (mer d'Oman). Ils connaissaient la mer Caspienne et le lac Chorasmias (mer d'Aral); à l'E. et au N., ils n'avaient guère pénétré plus loin que l'Inde et la Scythie (Tartarie). Le pays des Sères ou Sinæ (Chine) n'était connu que de nom. Les princip. montagnes connues étaient le Caucase, le Taurus, les chaînes du Liban, L'Ararat, le Paropamisus, le Zagros et l'Imaüs; les principaux fleuves : l'Euphrate, le Tigre, le Jourdain, l'Hydaspe, l'Indus, le Gange, l'Oxus et l'Araxe. On distinguait généralement dans l'Asie 12 grandes régions : l'Asie-Mineure, l'Arménie, la Parthie, la Mésopotamie, la Babylonie ou Chaldée, l'Assyrie, la Syrie, la Colchide, l'Arabie, la Perse, l'Inde, la Scythie ou Sarmatie. — L'Asie romaine ne s'étendait guère au delà de l'Asie-Mineure; elle forma d'abord 11 prov. et porta le nom d'Asie proconsulaire. Plus tard elle s'accrut de la Syrie et de quelques portions de l'Arménie et de l'Arabie; sous Constantin et ses successeurs, elle forma trois diocèses : diocèse d'Asie, subdivisé en Hellespont (Mysie), Lydie, Carie, 2 Phrygies, Lycaonie, Pisidie, Pamphylie; diocèse de Pont, subdivisé en Bithynie, Honorie, Paphlagonie, 2 Ponts, 2 Cappadoces, 2 Arménïes 2 Galaties; et diocèse d'Orient, subdivisé en 2 Cilicies, Osroène, 3 Syries, 2 Phénicies, 3 Palestines, 2 Arabies.

ASIE-MINEURE, Asia Minor, auj. Anatolie, nom donné par les Romains à la presqu'île la plus occidentale de l'Asie, pour la distinguer du continent, qui s'appelait Asie-Majeure, Asia Major. Elle était bornée à l'E. par l'Arménie et la Syrie; au N. par la mer Noire; à l'O. par la mer Égée, et au S. par la Méditerranée. L'Asie-Mineure est traversée par plusieurs chaînes de mont. détachées du Taurus et du Caucase; elle est arrosée par le Méandre, l'Hermus, le Sangarius, l'Halys, et l'Iris. On y distinguait 11 contrées princip. : à l'O., la Mysie, la Lydie, la Carie, la Lycie; au N., la Bithynie, la Paphlagonie, le Pont; au S., la Pamphylie, la Pisidie et la Cilicie; au centre, la Phrygie et la Cappadoce. Tout le rivage occidental était occupé par les colonies grecques : les Éoliens au N., les Ioniens au centre, en Lydie, les Doriens au S., y avaient fondé des villes qui le disputaient, pour la richesse, la civilisation et la puissance, à celles de la Grèce : telles étaient Éphèse, Phocée, Milet, Smyrne, Halicarnasse, Lampsaque et Cnide. Les autres v. importantes étaient : dans la Mysie et la Bithynie, Troie, Pergame, Pruse Cyzique, Amasie, Sinope, Nicée, Nicomédie, Chalcédoine; dans la Phrygie, Ancyre, Apamée et Laodicée; dans la Cappadoce, Césarée, Sébaste; dans les prov. du S., Stratonice, Telmesse, Tarse et Séleucie. Les îles principales qui en dépendaient sont celles de Lesbos, Chios, Cos, Samos, Rhodes, sur la côte occidentale, Cypre au S.; toutes ces îles furent occupées et colonisées par les Grecs. — L'Asie-Mineure a été connue de toute antiquité. Elle a vu fleurir les empires de Troie (du XVe au XIIe siècle av. J.-C.) et de Lydie (du Xe au VIe), les colonies grecques d'Ionie, d'Éolie et de Doride, puis les roy. de Bithynie, de Paphlagonie, de Pont et de Cappadoce, qui, après avoir été longtemps indépendants, furent tous réunis à l'empire du roi de Perse (548 av. J.-C.). Sous la domination persane, l'Asie-Mineure forma quelquefois une seule satrapie et comme une espèce d'apanage, notamment sous Artaxerce-Mnémon (404-401), qui la donna à son frère Cyrus le Jeune. Conquise par Alexandre, elle échut après sa mort à Antigone; et après la mort de ce dernier, elle passa sous le joug des Séleucides; néanmoins, il s'y forma bientôt plusieurs roy. indépendants : Pont, Cappadoce, Bithynie, Pergame, Galatie, Paphlagonie, etc. Ces roy. subsistèrent jusqu'à la conquête de l'Asie-Mineure par les Romains, qui y pénétrèrent pour la première fois l'an 189 av. J.-C., et ne la soumirent tout entière qu'au Ier siècle de notre ère. Au IVe siècle, lors du partage de l'empire, l'Asie-Mineure, comprise dans l'empire d'Orient, forma le diocèse d'Asie et la plus grande partie des diocèses de Pont et d'Orient (V. ASIE ANCIENNE). Les califes en conquirent une partie au VIIe siècle; les Turcs Seldjoucides s'y établirent au XIe et y fondèrent l'empire de Roum ou d'Iconium (Komeh), ne laissant aux empereurs grecs qu'un tiers du pays. Après 1204, l'Asie grecque forma les deux empires de Nicée et de Trébizonde. A la chute des Seldjou-