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ABBA - 3 - ABBO

divinité de J.-C., 3 v. in-12, 1689, et l’Art de se connaître soi-même, 1 vol. in-8, 1692, également apprécié des Catholiques et des Protestants.

ABBAS, oncle de Mahomet, s’opposa d’abord, les armes à la main, aux entreprises de son neveu ; mais ayant été vaincu, il se soumit, reconnut Mahomet pour prophète et lui rendit les plus grands services. Il mourut en 652, très vénéré des Musulmans. Un de ses descendants Aboul-Abbas, commença la dynastie des Abbassides.

ABBAS I, dit le Grand, chah de Perse. Il régna dès 1587 sur le Khoraçan, et usurpa le trône de Perse en 1590, après avoir renversé son père et tué ses deux frères. Il agrandit son empire, dont il transporta la capitale à Ispahan, et mourut en 1628, couvert de gloire, mais souillé d’horribles cruautés : il avait mis à mort son propre fils.

ABBAS II, issu du précédent, succéda en 1642 à son père Séfy, n’étant encore âgé que de 13 ans, et mourut en 1666, à 36 ans. Il conquit le Candahar et eut un règne heureux. Ce prince aimait les arts et accueillait les étrangers : Chardin et Tavernier se louent de son affabilité mais il se livrait à l’ivrognerie, ce qui abrégea ses jours.

ABBAS III, fils du malheureux Thamas, n’avait que 8 mois quand Thamas Kouli-Kan déposa son père et le mit lui-même sur le trône pour régner en son nom, 1732. Il ne vécut que 4 ans.

ABBASSIDES, dynastie de califes musulmans qui remplaça la dynastie des Ommiades, descendait de la famille du prophète par Abbas, oncle de Mahomet, et eut pour chef un arrière-petit-fils de cet Abbas, Aboul-Abbas-Al-Saffah, qui monta sur le trône en 750 (l’an 128 de l’hégire.) On compte 37 califes de cette famille, qui régnèrent depuis l’an 750 jusqu’à l’an 1258, époque à laquelle Houlagou, petit-fils de Gengis-Khan, s’empara de Bagdad (V. CALIFES). Longtemps, sous cette dynastie, les Arabes joignirent à la gloire des armes l’éclat des lettres et des sciences Leur déclin date de l’introduction de troupes étrangères : les Abbassides ne furent plus califes que de nom depuis qu’un d’eux, Al-Rhadi Billah, eut créé, en 935, la dignité d’émir-al-omrah (chef des chefs). Cependant ils conservèrent, même après la prise de Bagdad, le titre de califes et le pouvoir spirituel. Réfugiés en Égypte, ils ne s’y éteignirent qu’en 1538. L’Histoire des Abbassides a été écrite par Dozy, Leyde, 1846, en latin.

ABBATUCCI (Jacques-Pierre), général corse, né en 1726, mort en 1812, fut le perpétuel antagoniste de Paoli ; néanmoins il se réunit à lui pour s’opposer aux armes des Français. Après la conquête, il se sou-mit, fut nommé maréchal de camp par Louis XVI, et chargé, en 1793, de défendre la Corse contre Paoli et les Anglais. N’ayant pu sauver l’île, il se retira en France. — ABBATUCCI (Charles), fils du précédent, officier d’artillerie, né à Zicavo en 1771, fut, en 1794, aide de camp de Pichegru, se signala en Hollande, fut nommé dès 1796 général de division, défendit vaillamment Huningue et fut tué pendant le siége, n’étant âgé que de 27 ans. Un monument lui a été érigé à Ajaccio en 1854. — Un neveu du général, J. Pierre-Charles, né en 1791, mort en 1857, fut ministre de la justice sous Napoléon III.

ABBAYE, monastère où des religieux ou des religieuses vivent soumis à une même règle et sous l’autorité d’un supérieur nommé abbé ou abbesse.

ABBAYE (prison de l’), anc. prison d’État, située près de l’abbaye de St-Germain-des-Prés, à Paris, avait été construite en 1522. Pendant la Révolution, on y renferma une foule de personnes de toute condition, accusées d’opposition au régime républicain. Le 2 et le 3 septembre 1792, des forcenés, conduits par Maillard dit Tappe dur, y massacrèrent 164 prisonniers, dont 18 prêtres. Parmi les prisonniers se trouvaient le comte Montmorin de St-Hérem, l’abbé Lenfant, Cazotte et Sombreuil. L’Abbaye fut depuis une prison militaire. Elle a été démolie en 1854.

ABBÉ, du syrien abbas, qui vient lui-même de l’hébreu ab, père, nom que porte le supérieur d’un monastère ou d’un ordre monastique. On distinguait des abbés réguliers et des abbés commendataires : les premiers exerçaient à la fois le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel ; les autres étaient souvent des laïques qui jouissaient d’une partie des revenus et qui abandonnaient la puissance spirituelle aux mains d’un délégué appelé prieur claustral. Ces abbés commendataires apparaissent dès la seconde race, où ils sont désignés sous le nom latin d’abbacomites : les moines, en donnant ce titre d’abbé à un seigneur puissant, se mettaient par là sous sa protection ; c’est ainsi que plusieurs rois de France et des princes du sang, Hugues Capet, Philippe I, Louis VI, les ducs d’Anjou, etc., portèrent le titre d’abbé. Ces sortes d’abbés ont donné naissance aux abbés de cour du dernier siècle : c’étaient des cadets de familles nobles qui prenaient le titre d’abbés en expectative d’une abbaye qu’ils ne possédaient pas encore ; ils portaient le petit collet. Le titre d’abbé a fini par s’appliquer indifféremment à tout homme revêtu d’un caractère ecclésiastique.

ABBESSE, supérieure d’un monastère de filles ayant titre d’abbaye. On rapporte au IVe siècle les premières abbayes de femmes. Les abbesses étaient électives. Les Bénédictines, les Bernardines, les religieuses de Cîteaux, de la Trappe, des Feuillants, des Prémontrés, avaient à leur tête des abbesses ; celle de Fontevrault était supérieure de tous les couvents de Bernardines.

ABBEVILLE, Abbatis villa, ch.-l. d’arr. du dép. de la Somme, jadis capit. du comté de Ponthieu, en Picardie, sur la Somme, à 44 kil O. N. O. d’Amiens, à 175 kil. de Paris (192 par le chemin de fer) ; 20 058 hab. Place forte ; port où peuvent entrer les navires de 100 à 150 tonneaux ; promenade sur les remparts. Trib. de 1re inst. et de commerce ; collège. Belle église gothique de St-Wulfran ; hospice d’enfants trouvés ; casernes ; haras royal. Filatures, fabriques de tapis, bonneteries, etc. Abbeville eut jadis des manufactures royales de velours d’Utrecht (fondées en 1661), et de draps fins (1665). — Cette ville était constituée en commune dès 1130. S. Louis y signa en 1259 un traité qui rendait aux Anglais le Périgord, le Limousin et partie de la Saintonge, moyennant quoi le roi d’Angleterre renonçait à toute prétention sur la Normandie, l’Anjou, le Maine et le Poitou. Patrie des géographes Briet, Duval, N. Sanson ; du médecin Hecquet, du graveur Aliamet, du compositeur J. F. Lesueur (qui y a une statue), du poète Millevoye.

ABBIATE-GRASSO. V. BIAGRASSO.

ABBON, Abbo Cernuus, moine de l’abbaye de St-Germain-des-Prés, né vers 850, mort en 923, a laissé plusieurs écrits dont le principal est un poème latin en 3 livres, sur le Siège de Paris par les Normands, en 886, siége auquel il avait assisté. Ce poème a été publié pour la le fois en 1588, par P. Pithou, dans son recueil des Chroniqueurs. Il a été traduit dans la collection des Mémoires sur l’histoire de France de M. Guizot, et plus récemment par M. Tarenne, 1835. Un autre ABBON, abbé de Fleury, Abbo Floriacensis natif d’Orléans, mort en 1004, joua un rôle sous le roi Robert, qui en 996 l’envoya près du pape. Il a laissé un Abrégé de la vie de 91 papes (Mayence, 1602, in-4), et une Lettre sur les cycles dionysiaques, publiée par Varin, Paris, 1849.

ABBOT (George), archevêque de Cantorbéry, né en 1562 à Guildford, mort en 1633. Il était fils d’un tisserand et s’éleva graduellement aux premières dignités de l’Église. Jacques I avait en lui la plus grande confiance ; il l’employa à traduire en anglais le Nouveau Testament et à unir les églises d’Angleterre et d’Écosse. Il fut disgracié à la fin de sa vie pour avoir courageusement résisté à des ordres injustes. C’était un zélé puritain : il eut de vifs démêlés avec