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pales : la Mecque, ville sainte, qui est comme la métropole de l'islamisme, Médine, Sana, Djeddah, Aden, Moka, Maskate. On estime la population de toute la péninsule à 12 millions d'individus. L'Arabie n'a que très-peu de mont., excepté au N. O., où l'on trouve le mont Sinaï et le mont Horeb, et au S. O., dans l'Yémen. Dans cette dernière région, coulent le Meïdam et le Chabb, les seuls fleuves de l'Arabie qui aient un cours permanent. Le reste de cette contrée n'offre que d'immenses plaines sablonneuses et désertes, où règne continuellement le souffle ardent du simoun ou vent du désert. Sur les côtes la fertilité est très-grande : on y cultive beaucoup de plantes aromatiques et d'épices, le café Moka, l'aloès, le baume, le coton, le cocotier, le grenadier, le maïs, etc. On trouve en Arabie la plus belle race de chevaux qui existe, des chameaux, des buffles, des moutons a grosse queue, etc.; mais les déserts sont infectés par des animaux féroces et des insectes malfaisants. Les Arabes appartiennent à la famille sémitique; ils sont petits, maigres, basanés. Leur fanatisme a rendu inabordable jusqu'à ces derniers temps l'intérieur de l'Arabie, exploré enfin par M. Palgrave en 1862. Ils sont presque tous nomades, surtout les Bédouins, et sont réunis en tribus qui obéissent à des cheiks ou vieillards. Les anciens Arabes ont cultivé avec le plus grand succès la poésie, la philosophie et les sciences mathématiques et naturelles. Leurs savants les plus célèbres sont Al-Kendi, Al-Farabi, Avicenne, Averroës, algazel. On leur attribue l'invention des chiffres et de l'Algèbre; ils cultivèrent l'alchimie. Presque seuls au moyen âge ils avaient conservé les connaissances de l'antiquité, et c'est en grande partie par eux qu'elles ont été transmises à l'Occident; mais ils ne tardèrent pas à retomber dans leur ignorance première. Dans ce siècle, Méhémet-Ali, en Égypte, et les Français, en Algérie, se sont efforcés d'en tirer les Arabes soumis à leur domination. — Les Arabes, l'un des plus anciens peuples du monde, sont issus d'Abraham, par son fils Ismaël; ils ont presque toujours été indépendants. Sous Trajan, les Romains conquirent une très-faible partie de l'Arabie, celle qui fut depuis appelée Arabie-Pétrée, du nom de Petra, son ch.-l. Au VIIe siècle, Mahomet, fondateur de l'Islamisme, créa l'empire arabe (622), qui grandit rapidement et s'accrut en suivant les progrès de la religion musulmane. Cet empire embrassa successivement l'Arabie entière (624-632), la Syrie (632-638), l'Égypte (638-640), la Perse (636-652), l'Afrique septentrionale (692-708), l'Espagne (710-714). La France même fut un instant menacée par l'invasion arabe (721-739). Mais dès 750 ce vaste empire perdit son unité. Bagdad vit s'élever sur les ruines du califat des Ommiades celui des Abbassides. Peu après, les Aglabites, à Kairwan (800), les Thoulounides (883), puis les Fatimites en Égypte (909), se rendirent indépendants, tandis que les califes de Cordoue, derniers restes des Ommiades, se séparaient entièrement des califes d'Orient. Ce morcellement continua jusqu'au XIIe siècle environ. À cette époque, les maures en Espagne et en Afrique, les Turcs et les Mongols en Orient, avaient enlevé aux Arabes toutes leurs conquêtes. L'Arabie elle-même avait déjà cessé depuis longtemps d'appartenir aux califes; elle redevint alors indépendante. Les Arabes, par la nature de leur vie nomade, résistèrent aux invasions mongoles et tartares, et aux attaques des Turcomans. Au XVIIe et au XVIIIe siècle une grande partie de l'Arabie fut soumise à la domination des Wahabites, tribu arabe, qui avait son berceau dans le Nedjed; mais ce nouvel empire eut peu de durée : il fut détruit, au commencement de ce siècle, par Méhémet-Ali et son fils Ibrahim (1818), et les Wahabites furent refoulés dans leurs premières limites. Auj. l'Hedjaz et la Mecque reconnaissent l'autorité du sultan. Quant au reste de l'Arabie, il est tout à fait indépendant. Quoique la domination des Arabes ait depuis longtemps cessé, leur langue se parle encore dans une grande partie de l'Asie et de l'Afrique, et ils forment dans ces pays une portion notable de la population.

ARABIQUE (golfe). V. ROUGE (mer).

ARACAN, v. de l'Inde transgangétique, jadis capit. du roy. d'Aracan, auj. ch.-l. de la prov. anglaise de ce nom, par 90° 45' long. E., 20° 40' lat. N.; env. 20 000 hab. Grande et jadis fort peuplée, mais réduite à l'état le plus triste pendant la domination birmane (1783). Nombreuses pagodes : c'est dans Aracan que fut prise la fameuse statue colossale de Goutama.

ARACAN, contrée de l'Inde transgangétique, au N. O. de cette presqu'île et de l'empire Birman, s'étend le long de la côte E. du golfe de Bengale, des bords du Nauf jusqu'au cap Negrais, et a pour ch.-l. Aracan. — Jadis royaume indépendant, souvent ravagé par les Mongols et les Pégouans; il fut conquis par les Birmans en 1783, et par les Anglais en 1824. La popul. s'élevait dans le dernier siècle à près de 2 000 000 hab. Mais la guerre contre les Birmans et les émigrations ont réduit ce chiffre à 500 000 env. Une longue chaîne de mont. sépare l'Aracan de l'empire Birman; le pays est arrosé par le fleuve Aracan, qui se jette dans le golfe de Bengale, au S. de la ville de même nom. Climat brûlant, insalubre. Riz, bois de construction. On y rencontre de l'or et de l'argent.

ARACAN (archipel d'), dans le golfe de Bengale, à l'E., sur les côtes de la prov. d'Aracan. Ses 2 îles les plus remarquables sont Ramri et Tchedoba; on y trouve des volcans qui vomissent de la vase.

ARACATI, v. et port du Brésil (prov. de Céara), à l'emb. du Jaguaribe; 9000 h. C'est la ville la plus commerçante de la province. Fondée en 1723.

ARACHNÉ (c.-à-d. Araignée), jeune femme de Colophon, qui, selon la Fable, travaillait avec tant de perfection à la broderie qu'elle ne craignit point de proposer un défi à Minerve : elle l'emporta; mais la déesse, irritée de cette défaite, frappa de sa navette Arachné à la tête; celle-ci se pendit de désespoir, et fut changée en araignée.

ARACHOSIE, prov. de l'empire perse, au N. E. de la Gédrosie et à l'O. de l'Inde, était arrosée par l’Arachotus, et avait pour ch.-l. Arachosia, appelée primitivement Cophe, dont on attribuait la fondation à Sémiramis. Cette prov. fait auj. partie du roy. de Caboul sous le nom de Seistan.

ARAD, nom commun à 2 villes de Hongrie qu'on distingue en Vieil-Arad et Nouv. Arad, et qui donnent leur nom à un comitat situé à l'O. de la Transylvanie; elles sont sur le Maros, presque en face l'une de l'autre, la 1re sur la r. dr., la 2e sur la r. g., à 40 kil. N. de Temeswar. Le comitat compte 230 000 h.

ARADUS, Arek, île de la côte de Phénicie, à 150 k. N. N. E. de Sidon, était jointe au continent par un pont et avait une ville de même nom (auj. Ruad). — Vis-à-vis de l'île d'Aradus était la ville d'Antaradus, bâtie sur le continent.

ARAFAT, mont. d'Arabie, à 24 k. S. E. de la Mecque. But de pèlerinage chez les Mahométans.

ARAGO (François), illustre savant français, né en 1786 à Estagel (Pyrénées-Or.), mort à Paris en 1853, était fils d'un employé de la Monnaie de Perpignan, originaire d'Espagne. Il entra dès l'âge de 17 ans à l'École polytechnique, devint, en sortant, secrétaire du Bureau des Longitudes, fut adjoint à M. Biot pour vérifier la mesure du globe (1806), se vit, pendant qu'il exécutait ce travail, arrêté comme espion par les Espagnols, et ne put rentrer en France qu'après avoir couru de grands dangers; fut, à son retour, admis à l'Académie des sciences et nommé professeur à l'École polytechnique, quoiqu'il n'eût encore que 23 ans (1809) ; devint successivement directeur de l'Observatoire et du Bureau des Longitudes, membre du conseil supérieur de l'École polytechnique, enfin secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences (1830). Élu en 1831 député des Pyrénées-Orientales, il se signala par une opposition