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On a aussi d’Aphmonius des Fables, publiées avec celles d’Ésope et d’Abstemius, Francfort, 1610, in-8.

APIA TELLUS, c.-à-d. terre d’Apis, nom du Péloponèse, dérivé d’Apis, un de ses plus anciens rois.

APICIUS (M. Gabius), gourmand et gastronome célèbre, vivait à Rome du temps d’Auguste et de Tibère. On dit qu’après avoir dépensé plus de 100 millions de sesterces (env. 20 millions de francs) pour satisfaire sa passion gloutonne, il se donna la mort parce qu’il ne lui restait plus que 10 millions de sesterces (env. 2 millions), somme qui ne lui suffisait plus pour vivre. — On a sous le nom d’un certain Coelius Apicius un traité De re culinaria ou De obsoniis, Londres, 1705, et Anspach, 1800, ouvrage fort ancien, mais qui n’est pas du célèbre Apicius.

APION, grammairien d’Alexandrie, né en Égypte, fut député par les Alexandrins à Caligula pour se plaindre des Juifs. Apion avait composé une Histoire d’Égypte et un livre Sur les Juifs, satire violente que Josèphe a réfutée ; il n’en reste que peu de fragments (dans le Fragm. de la collect. Didot).

APIS, divinité que les Égyptiens adoraient sous la forme d’un bœuf. On reconnaissait le bœuf Apis à divers signes particuliers : il devait être noir par tout le corps et avoir sur le côté droit une marque blanche semblable au croissant de la lune. La durée de son existence était limitée à 25 ans. Au bout de ce temps, les prêtres le noyaient solennellement dans le Nil, puis ils l’embaumaient, lui faisaient des funérailles magnifiques et l’enterraient dans le Serapeum. Ils le pleuraient ensuite, et en cherchaient un autre pour le remplacer. Lorsqu’ils avaient trouvé le nouveau dieu, ils se livraient à la joie et lui rendaient leurs hommages. On pense que c’est Osiris, dieu de l’agriculture, que l’on adorait sous cet emblème : les Égyptiens croyaient qu’Osiris avait pris la forme d’un beauf et avait traîné la charrue lorsque les dieux, battus par Jupiter, se réfugièrent en Égypte, où ils se cachèrent sous diverses formes.

APOCALYPSE, c.-à-d. révélation, du mot grec apokaluptô, découvrir, livre du Nouveau Testament, écrit par S. Jean l’évangéliste vers l’an 95, contient les révélations que Dieu lui fit pendant son exil à Patmos. Cet ouvrage mystérieux, dont l’obscurité est devenue proverbiale, a donné lieu à une foule de commentaires, dont quelques-uns extravagants : on y a vu soit la description des persécutions que l’Église devait souffrir de la part des Juifs et des Gentils ; soit l’annonce de la destruction de Rome (désignée sous le nom de Babylone), et le triomphe de l’Église, régnant sur le monde entier, etc.

APOCRISIAIRE, dignitaire du Bas-Empire. V. ce mot au Dict. des Sciences, des Lettres et des Arts.

APOLLINAIRE, l’Ancien et le Jeune, père et fils, grammairiens et rhéteurs grecs du IVe siècle après J.-C., enseignèrent à Béryte et à Laodicée, et embrassèrent le Christianisme. Quand la lecture des livres païens eut été interdite aux Chrétiens par l’empereur Julien (362), ils composèrent pour les remplacer divers livres élémentaires, en prose et en vers ; il ne nous reste de ces ouvrages que l’Interprétation des Psaumes, en vers grecs, et une tragédie, le Christ souffrant, attribuée à tort à S. Grégoire de Nazianze, Paris, 1552 et 1580, avec trad. latine. Apollinaire le Jeune fut évêque de Laodicée, mais il tomba dans l’hérésie, et fut le chef d’une secte qui soutenait que J.-C., en se faisant homme, n’avait pris que l’âme sensitive de l’homme (psyché) et non l’âme intellectuelle (noûs) ; il fut condamné par les conciles d’Alexandrie, 362, et de Constantinople, 381. Il mourut cette dernière année.

APOLLINE (Ste), vierge et martyre, vivait à Alexandrie et y fut arrêtée en 248, sous le règne de Philippe-l’Arabe, dans une sédition excitée contre les Chrétiens. Elle se jeta d’elle-même dans le bûcher préparé pour son supplice. On la fête le 9 février.

APOLLINOPOLIS magna, auj. Edfou, v. de l’Égypte anc. (Thébaïde), sur le Nil, r. g., à 110 kil. au N. de Syène, Plusieurs beaux temples, dont un surtout, que l’on voit encore presque en entier, le disputait aux plus grands de l’Égypte, mais dont les bas-reliefs, exécutés du temps des Ptolémées, sont de mauvais style.

apollinopolis parva, auj. Kous ou Sytfah, v. d’Égypte (Thébaïde), près du Nil, au N. de la précédente et à quelques k. au S. O. de Coptos.

APOLLO, Juif originaire d’Alexandrie, embrassa le Christianisme vers l’an 54, prêcha à Éphèse et à Corinthe, et s’acquit une telle réputation qu’on opposait son autorité à celle de S. Paul et de S. Pierre.

APOLLODORE, grammairien d’Athènes, qui vivait 150 ans av. J.-C., s’acquit une grande renommée pour l’explication des poètes. De ses nombreux ouvrages il ne reste que sa Bibliothèque mythologique, en 3 livres, contenant l’Histoire des dieux et des héros jusqu’au retour des Héraclides dans le Péloponèse, publiée par Æginus Spoletinus, grec-latin, Rome, 1550, par E. Bekker, Leips., 1854, et réimpr., avec trad. lat., daùs la collection Didot (Hist. græc. fragm.) ; elle a été trad. en français par M. Clavier, Paris, 1805. On croit que cette histoire, qui n’est qu’un abrégé fort sec, n’est pas l’ouvrage même d’Apollodore, et qu’elle n’est que l’extrait d’un traité plus considérable composé par ce savant.

apollodore, architecte de Damas, né vers l’an 61 de J.-C. florissait sous Trajan. Il construisit, par les ordres de ce prince, un pont colossal sur le Danube, et éleva à Rome la colonne Trajane, la basilique Ulpia, ainsi nommée d’un des noms de l’empereur, et plusieurs autres monuments regardés comme des chefs-d’œuvre. Après la mort de Trajan Adrien, qu’il avait offensé par des paroles imprudentes, l’exila, puis le fit mettre à mort, 130, et détruisit plusieurs de ses ouvrages.

APOLLON ou phœbus, dieu du soleil et de la lumière, des arts, des lettres et de la médecine, était fils de Jupiter et de Latone, et frère jumeau de Diane ou la Lune. Il naquit dans l’île de Délos (V. latone). À peine sorti du berceau, il tua de ses flèches le serpent Python, qui, à l’instigation de Junon, avait persécuté sa mère. Dans la suite, irrité de la mort de son fils Esculape, que Jupiter avait foudroyé, il tua les Cyclopes qui forgeaient la foudre. Le maître des dieux, pour le punir, l’exila de la terre. Il y garda quelque temps les troupeaux d’Admète, roi de Phères en Thessalie ; puis se mit au service de Laomédon pour lequel il bâtit, avec Neptune, exilé comme lui, les murs de Troie. Après avoir encore quelque temps erré sur la terre, où Marsyas et Midas (V. ce nom) éprouvèrent les effets de sa colère, il fut rappelé au ciel, et chargé par Jupiter de conduire le char du soleil. Apollon fut épris d’un grand nombre de nymphes et de mortelles. Les plus connues sont Daphné, qui fut insensible à ses vœux et qu’il transforma en laurier ; Cassandre, à laquelle il donna le don de prophétie ; Coronis, dont il eut Esculape ; Clymène, qu’il rendit mère du téméraire Phaéthon. On le représentait sous les traits d’un beau jeune homme, tenant à la main tantôt un arc, tantôt une lyre, la tête ornée d’une chevelue longue et flottante, et ceinte d’une auréole lumineuse. Il dirigeait le chœur des Muses et habitait avec elles sur le sommet du Parnasse, du Pinde ou de l’Hélicon. On en fait aussi un dieu vengeur : ses traits inévitables répandent la peste et la mort ; allusion aux terribles effets produits par l’excessive ardeur du soleil. Apollon avait un grand nombre de temples et d’oracles, dont le plus célèbre est celui de Delphes. On célébrait en son honneur les jeux Pythiques.

APOLLONIE, Apollonia, nom de plusieurs villes grecques où se trouvaient des temples et des oracles d’Apollon. Les principales sont : 1° en Illyrie, près de l’embouch. de l’Aoüs (Philippe V y fut battu par le préteur Lævinus, 214 av. J-C.) : c’est auj. Pollini ; — 2° en Macédoine, au S. O. de Thessalonique : c’est auj. Paléo-Chori ; — 3° en Thrace à l’entrée du