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866 GÉOGRAPHIE. — EXPLICATION DES CARTES. a Au nord -est de la Péninsule, la marche de Ca- binthie ou duché de FfiiouL, qui s'étendait jusque dans la Pannonie inférieure, comprenait : le Frioul, avec une capitale du même nom, au noi'd d'Aqui- lée; la Liburnie, I'Istrie et la Dalmatie, dont une partie néanmoins appartenait à l'empire grec. «Le Patrimoine de saint Pierre, dont la donation faite par Pépin le Bref avait été confirmée par Char- lemagne, se composait : du duché de Rome, c'est- à-dire de la Sabine et de l'ancien Latium, avec Rome pour capitale, de la Pentapole, dont les vil- les étaient Ancône, Rimini, Pesaro, Fano et Sini- gaglia, et de I'exarciiat qui s'étendait le long de l'Adriatique jusqu'au cours de l'Adige au nord, avec les villes de Padoue, Ravenae, Bologne, Fer- rare ) etc. (Voyez plus haut, la note p. 75.) «Royaume d'Aquitaine. — Le royaume d'A- quitaine, érigé en faveur de Louis, le plus jeune des fils de Charlemagne, s'étendait du nord au sud. de la Loire aux Pyrénées et au cours inférieur de l'Èbre, et, de l'est à l'ouest, du Rhône à l'océan At- lantique. « Outre l'Aquitaine proprement dite, ce royaume renfermait encore la Septimanie, le duché de Gas- cogne et les marches espagnoles. « L'Aquitaine, dont la capitale était Toulouse, se trouvait divisée sous le rapport politique en quinze comtés, savoir : 1° Le Poitou, capitale Poitiers; 2° le Berry. cap. Bourges; 3° la Saintonge, cap. Saintes; 4° I'Angoumois, cap. Angoulême; 5° le Li- mousin, cap. Limoges; 6° 1' Auvergne, cap. Cler- mont; 7° le Velay, cap. le Puy; 8° le Gévaudan, cap. Javouls; 9° le Rouergue, cap. Rodez; 10° 1 Al- bigeois, cap. Albi; 11° le Toulousan, cap. Toulouse; 12° I'Agénois, cap. Agen, avec la villa de Chasse- neuil sur le Lot; 13° le Bordelais, cap. Bordeaux; 14° le Quercy, cap. Cahors: 15° le Périgord, cap. Périgueux. «Sous l'administration du jeune Louis et surtout de ses tuteurs, Guillaume de Toulouse et saint Be- noît d'Aniane, l'Aquitaine se remit promptement des maux de la guerre désastreuse qu'elle avait sou- tenue pour son indépendance. Saint Benoît planta des vignes et des oliviers, ouvrit des routes", créa des moyens d'irrigation et fonda le célèbre monas- tère d'Aniane, qui non-seulement fut un foyer reli- gieux et intellectuel, mais qui devint bientôt un grand centre industriel et agricole. « La Septimanie ou Gothie, qui s'étendait le long de la Méditerranée, des Pyrénées à l'embouchure du Rhône, avait perdu ses privilèges sous Charle- magne et était divisée administrativement en sept comtés: ceux de Narbonne, de Béliers, de Nîmes, de Lodève, de Carcassonne, d'Agde et de Maguelonne. « Le duché de Gascogne, compris entre le cours de la Garonne et l'Océan, relevait du royaume d'A- quitaine; mais sa soumission était précaire, ainsi que le prouve le désastre de Roncevaux, auquel les Gascons prirent une large part. Dans cette circon- stance, il est vrai, leur duc Lupus fut pendu et son duché confisqué; mais plus tard Charlemagne le rendit à son fils, en en détachant toutefois la partie située au delà des montagnes de la Navarre, pour y organiser la marche de Gascogne dont Jacca paraît avoir été la capitale. « La marche d'Espagne que Charlemagne constitua avec les conquêtes qu'il avait faites sur les deux versants des Pyrénées, s'étendait au sud jusqu'à la vallée de l'Èbre. Elle était divisée en deux parties : a l'ouest la marche de Gascogne dont nous venons de parler et qui correspond à la Navarre; et à l'est la marche de Gothie (Catalogne actuelle) dont la capitale était Barcelonnc, lieu de résidence du chef militaire qui avait sous ses ordres les comtes d'im- purias, de Girone, à'Urgel, à'Ausone et de Bezalu. » Gouvernements. Les grandes divisions territo- riales se subdivisaient en missatica, ressorts d'in- spections générales, étendue et nombre variables, souvent les mêmes que les provinces ecclésiastiques. (Voyez la carte histor. des Diocèses, n° 38.) Les comtés correspondent souvent aux diocèses. Après les duchés et les comtés venaient les vigueries ou vi- comtes divisés à leur tour en cantons ou centaines. Quant aux manses ou manoirs, ce n'était pas une subdivision administrative, mais cadastrale. l'Empire franc après Charlemagne. 814 — 843'. Avec Charlemagne devait périr le vaste empire qu'il avait créé. Tous les peuples qu'il avait réunis par la violence pour n'en faire qu'un seul faisceau dans sa puissante main, allaient se séparer de nouveau et pour toujours. Nous n'a- vons pas à examiner les causes qui amenèrent un tel résultat. Nous nous contenterons de faire ob- server que les convenances géographiques doivent être comptées pour quelque chose dans le démem- brement de l'empire carlovingien, ainsi que dans le système féodal qui, à partir de cette époque, va prendre de jour en jour de nouveaux développe- ments. L'année même de la mort de Charlemagne, une assemblée fut convoquée à Aix-la-Chapelle. Ber- nard, roi d'Italie, vint y rendre hommage à Louis le Débonnaire, qui le renvoya en lui laissant dans ses États autant de pouvoir qu'il en avait eu jus- qu'alors. En même temps, il donna le gouverne- ment de la Bavière à Lothaire, l'aîné de ses fils, et celui de l'Aquitaine à Pépin. Quant à son troisième fils, Louis, connu plus tard sous le nom de Louis le Germanique, il était encore trop jeune pour être chargé d'aucun gouvernement. L'empire ainsi con- stitué devait être administré comme il l'avait été dans les dernières années du règne de Charlemagne. L'empereur, trouvant le fardeau encore trop lourd, une nouvelle assemblée fut convoquée à Aix- la-Chapelle, en 817, l'empire fut divisé entre Lo- thaire, Pépin et Louis, de la manière suivante : Pépin eut l'Aquitaine, la Vasconie, et quatre com- tés, celui de Carcassonne dans la Septimanie, et ceux d'Autun, d'Avalon et de Nevers dans la Bur- gondie. Le comté de Toulouse fut une des marches de ce nouveau royaume d'Aquitaine. Louis eut la Bavière, la Carinthie, la Bohême, la Moravie et la Pannonie; de plus, deux villes sei- gneuriales dans chacun des cantons de Nortgrave. de Luttraof et d'Ingoltadt. Louis le Débonnaire se réserva le reste du royaume, qui, à sa mort, devait échoir à son fils aîné, associé dès lors à l'empire. Cette division ne semblait nuire aucunement à l'unité de l'empire, puisqu'il devait y avoir toujours un maître suprême, l'Empereur. Cette centralisation politique qu'avait rêvée Charlemagne n'était plus possible. Chaque peuple allait mettre à profit la faiblesse et l'impuissance des derniers Carlovingiens pour rentrer en possession de sa nationalité, et pour s'isoler de plus en plus du pouvoir central. Les in- cursions des pirates normands sur les côtes occi- dentales de la Gaule contribuent à la désorgani- sation de l'empire. Pourtant un reste de la domination qu'exerçait Charlemagne sur les peuples des frontières du nord et de l'est existait encore. Les Obotrites, les Sora- bes, les Wiltz, les Bohémiens, les Moraves, les Avares de la Pannonie et les Danois eu-x-mêmes en- voyèrent aux assemblées nationales, convoquées par Louis le Débonnaire, des ambassadeurs qui ve- naient, pour ainsi dire, resserrer les liens de dépen- dance qui les unissaient aux Francs. Il n'en était pas de même à l'occident et au sud, les deux peu- 1. Dans cette dernière partie, emprunts faits aux ta bleaux de M. Dufau, déjà cités.