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844 GÉOGRAPHIE. — EXPLICATION DES CARTES.


Les Carthaginois envoyèrent aux Romains : 1° En 201, 400000 boisseaux de Lié , et le blé d'Afrique se vendit, à Rome, 2 as le boisseau en 200 ci 400 000 mes. de blé. 2° En 191, elle offrit 900 000 — — et 750 000 — d'orge. 3° En 1 70, elle donna 1 000 000 — de blé. et 500 000 — d'orge. Ce qui donne un total de 3 550 000 mes. de blé offertes et envoyées gratuitement à Rome en 30 ans, et nous n'avons pas tout. Les autres villes du littoral qui méritent d'être citées en 150 sont : 1° à partir des autels des Phi- lènes jusqu'à Leptis minor : L'Emporium de Charax,où les Carthaginois échan- geaient du vin contre du silphium. Aspis, qui a le port le plus beau de la Syrte; Leptis magna, aujourd'hui (Lebidah), OEa; Le grand port de l'île de Cercinna , dans le fond du golfe, qui avait payé 10 talents à Servilius; Puis les villes de V Emporta , Leptis magna, déjà citée, tout près de Thapsus. Au delà de Carthage et de Tunis, se trouve Vtica, déjà mentionnée et qui avait le second rang. Ces côtes des Syrtes fournissaient beaucoup de chevaux. Les deux Hippones : Ilippo Zaritus et Hippo-Re- gius (Bone), qui avaient encore de l'importance au temps de Jugurtha. Nous ne connaissons pas d'autres villes à citer en 150, avec Tingis (Tanger), déjà mentionnée au début de ce travail pour ses relations commerciales avec la Baltique. Époque romaine. — Ce qui restait des posses- sions de Carthage en 146, savoir, le pays compris entre le fl. Tusca jusqu'à Thenas , au S., fut ré- duit en prov. rom. après la destruction de Car- thage et de sa population, évaluée jadis à 700 000 hab. Les anciens Etats de Massinissa qui occupait, sous la protection de Rome, le reste de l'empire Cartha- ginois et la Numidie, furent confirmés, à sa mort, en 148, à ses trois fils, Micipsa, Gulussa et Masta- nabal. Les terres de la cité de Carthage et toutes les localités qui lui étaient restées fidèles furent con- verties en ager publiais ou données aux sept villes amies des Romains : Vtica, Thapsus, Leptis minor, Âcholla, Usalis, Teudalis, et Hadrumetum. La pro- vince fut divisée en Conventus et accablée de lourds impôts. La guerre de Jugurtha (112-106) ne changea rien à cette organisation, sinon que Leptis magna fut ajoutée à la province. Ce fut seulement sous César, après la bataille de Thapsus, 46, que le royaume de Numidie fut in- corporé à la province d'Afrique. Mais sous Celigula, 37 apr. J. C, elle forma une province de l'Empe- reur. La Syrte et Leptis magna continuèrent à faire partie de la prov. d'Afrique. En 27 av. J.-C. Auguste avait attribué la prov. d'Afrique au sénat. Elle fut administrée par un pro- consul annuel, pro prœtore, consulaire qui eut sous ses ordres 3 légats et 1 questeur. Il commandait une petite armée, mais n'avait pas de flotte. Auguste établit une nouvelle colonie romaine à Carthage (celle de C. Gracchus, en 122 av. J.-C. , n'avait pas prospéré). Les 3000 familles romaines établies à Carthage par le 1 er empereur en firent une ville flo- rissante. 30 cités, parmi lesquelles Clypea, Curubis, Neapolis, Leptis minor, Hadrumetum, Ruspina, Thapsus, Acholla, Theudalis furent déclarées libres et jouirent de Vimmunitas; 15 eurent le droit de cité romaine; parmi elles, Utique Usalis avait le jus latinum. Les colonies romaines furent, entre autres: Maxula, Uthina, Turubis. Hadrumetum et Hippo- sarytos furent col. sous Trajan; Neapolis, Cuina, Bi- sica, Bysacium, Capsa, Curubis, Thysdrus, Cilium, Midila, Leptis magna sous les empereurs suivants. (Voy. pour la condition provinciale de l'Afrique et de la Numidie sous l'empire et le partage ulté- rieur de ces provinces, les tableaux 21, 22 et 23.)


CARTE N° 21.

L'EMPIRE ROMAIN A LA MORT D'AUGUSTE. Pour bien comprendre la géographie administra- tive de l'empire romain, il faut savoir ce qu'étaient : 1° les pouvoirs de l'empereur, 2° la hiérarchie des magistratures et des fonctions publiques de l'em- pire. Pouvoirs de l'empereur. L'autorité de l'empe- reur provenait de deux sources : 1° de la lex regia et 2° du cumuldes magistratures républicaines. I. La lex regia était une loi portée par le sénat à l'avènement d'un empereur et qui lui déléguait, au nom du peuple, dont le sénat était lui-même le représentant, le pouvoir absolu. On conserve au Capitole le texte original de cette loi célèbre. Il s'a- git des pouvoirs conférés à Vespasien; or nous savons par Tacite qu'on renouvela seulement en faveur de ce prince tous les pouvoirs qu'on avait coutume d'accorder à chaque empereur à son avè- nement : « Tum senatus cuncta principibus solita Vespasiano decrevit. » Or la lexregia donnait à l'em- pereur le droit: 1° de faire la guerre et les alliances, 2° de convoquer le sénat, d'y faire des propositions, de le proroger, d'y faire rendre des senatus-con- sultes ; 3° de proposer des candidats à toutes les char- ges publiques; 4° d'étendre ou de reculer lePomœ- rium (enceinte sacrée de Rome) ; 5" de faire tout ce qu'il jugerait conforme à l'intérêt de la République , à la majesté des choses divines et humaines, publi- ques et privées; 6° de n'être poin t enchaîné par les lois et les plébiscites précédents; 7° de voir léga- liser tous les actes impériaux antérieurs à la loi, comme si cela avait été ordonné par le peuple as- semblé en comices. II. Cumul des magistratures républicaines. L'em- pereur avait : 1° Yimperium, c'est-à-dire le com- mandement militaire de toutes les forces de l'em- pire; légions, avec les cohortes auxiliaires, dans les provinces; cohortes prétoriennes, urbaines, et de Vigiles, à Rome ; flottes de Misène et de Ravenne, en Italie : 2" la puissance proconsulaire , c'est-à-dire l'administration civile, judiciaire et militaire de toutes les provinces dont il avait abandonné une partie au sénat et dont il administrait les autres par ses légats ou lieutenants ; 3° le grand pontificat, qui lui donnait la haute direction de la religion; 4° la puissance tribunitienne, qui, lui communiquant l'inviolabilité attachée à la personne des tribuns sous la république, et rendant sa personne sacro- sainte, donna naissance aux lois de lèse-majesté. Cette prérogative précieuse fut renouvelée exacte- ment tous les ans pour chaque empereur, ce qui fait que l'on peut compter les années d'un règne, du moins à partir de l'association au titre de César, sur les monnaies des empereurs où les puissances tribunitiennes sont exprimées par un chiffre. L'empereur n'avait point le consulat, mais il en disposait en vertu de la lex regia, et il en avait la