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822 GÉOGRAPHIE. — EXPLICATION DES CARTES.


de leurs territoires. La seule division certaine, fixe et durable était la cité ; aussi bien chaque cité formait-elle un État à part, avec ses magistrats, ses institutions et ses terres ; mais le lien qui unissait ensemble les cités n'avait rien d'administratif ; c'était : 1° une ligue politique d'un caractère transitoire suivant les besoins ou les dangers du moment ; 2° une ligue religieuse avec des sacrifices annuels, commémoratifs d'antiques alliances, et signes d'une commune origine ethnographique. Dire précisément où s'arrêtait le territoire latin, où commençait celui des Volsques, des Eques et des Herniques est chose impossible. Les premières grandes divisions qui apparaissent dans la géographie historique de l'Italie sont celles des régions d'Auguste ; encore ne répondent-elles nullement à un système administratif, mais sont-elles de simples répartitions de territoire représentant en gros les anciens groupes des nations vaincues et assimilées aux vainqueurs. La cité, au contraire, a été, de tous temps, et est demeurée après la conquête la division politique, invariable et complète du territoire romain, comme elle avait été la seule division politique de l'ancien Latium où Rome trouva autour de son berceau le germe des institutions qu'elle a développées dans son sein et appliquées au monde soumis. Les provinces elles-mêmes ne furent d'abord, à proprement parler, que des départements, ou, mieux encore, des commandements militaires mobiles, avec des frontières changeantes, une administration irrégulière et qui ne commencèrent à trouver leur assiette que sous l'Empire.

Géographie physique. — Orographie et géologie. — La constitution géologique du Latium est étroitement unie à son orographie. Le sol est volcanique, sauf quelques portions de terrain jurassique crétacé dans les montagnes de Sabine et dans les deux ramifications de l'Apennin qui s'avancent jusqu'à Palestrine et jusqu'à Montefortino, et quelques rares portions de terrain subapennin tertiaire. Il est à peine besoin d'ajouter que les rives du Tibre et la côte d'Ostie, aussi bien que les marais Pontins, sont couverts d'un sol d'alluvion fluviale. La ligne volcanique de l'Italie prend naissance au N. de Viterbe, se prolonge jusqu'à Rome, puis jusqu'en Sicile, en passant par le golfe de Naples. Elle a formé des éruptions qui ont laissé pour témoignages des cratères isolés ou réunis, terrestres ou marins. Les cratères des volcans latins appartiennent tous au système du mont Albain, Albanus mons, qui offre, sur une échelle trois fois plus grande, une répétition du Vésuve. Cet immense volcan était formé du mont Albanus ou Cabensis proprement dit, les Tusculani Colles, au N., l'Algidus mons à l'O. Ils présentent comme cratère centrale, la vaste coupe connue sous le nom de Campi di Annibale, puis une foule de cratères parasites dont la plupart sont ou ont été remplis par des lacs. Le cratère du Lacus Albanus, du Lacus Nemorensis (Lago di Nemi), du Lacus Aricinus (desséché), du Lacus Luturnas (desséché), le Pantano secco, le Laghetto, et, dans la campagne, les lacs Gabiensis et Regillensis (desséchés). Rome est construite sur le tuf et la pouzzolane dont elle s'est fait de tous temps un article considérable de commerce. — Il faut citer, en Sabine, le Catillus, Peschiavatori ; le Lucretilis, Mte Gennaro, chanté par Horace, l'Æflianus, au S. de Tivoli, et, à 3 milles de Rome, sur la rive droite de l'Anio, le mont Sacer où les plébéiens se retirèrent l'an 493 ; — Les Corniculi montes (Mte Gentile).

Hydrographie. — Le Tiberis, très-anciennement appelé Albula, aujourd'hui Tevere, est un des fleuves les plus remarquables de l'Europe pour son économie, l'étiage étant toujours assez élevé et les inondations très-rares : ce qui s'explique par la nature spongieuse du bassin qui absorbe promptement les eaux de pluie et ne les rend que lentement à la terre


sous forme d'une foule de ruisseaux. Le Tibre est très-limoneux, produit des atterrissements considérables à son embouchure et couvre la côte de ses alluvions jusqu'à Antium. Les anciens avaient mis à profit les qualités exceptionnelles du Tibre et avaient corrigé ses inconvénients par l'entretien du lit et de l'estuaire artificiel de leurs ports, qui établissait une communication libre entre la mer et le fleuve au-dessus de sa barre. « Le Tibre lui-même a ses ruines, » dit Bonstetten ; le lit primitif et abandonné du fleuve, dit fiume morto, fleuve mort, nous montre, à 4 milles de la mer, la position du port d'Ostia, construit sous Ancus Martius « sur la mer. » Là était le rivage à cette époque.

L'Ile Sacrée s'est donc entièrement formée depuis lors. Le port de Claude et celui de Trajan nous montrent, à droite, et bien à l'O. de Fiumicino, où est l'embouchure actuelle, l'emplacement du rivage au Ier siècle de l'Empire.

Affluents du Tibre : à droite, la Cremera, célèbre par le rocher dont il baigne le pied et qui fut défendu par les 300 Fabius ; à gauche, l'Allia (victoire des Gaulois sur les Romains, 390), dont la position est déterminée par Tite-live, qui le place à 11 milles de Rome, et par Aurelius Victor, qui le place à 14 milles au ruisseau de Marcigliana-Vecchia, dont la source est à 14 milles, et l'embouchure, à 11 milles de l'enceinte de Servais Tullius ; — l'Anio (Teverone), qui forme les Tres Lacus de la villa de Néron à Sublaqueum, Subiaco ; les cascades de Tibur (Tivoli), et reçoit lui-même, à droite, la Digentia, Licenza, qui arrosait la campagne d'Horace à Ustica, l'écoulement du lac sulfureux des Aquæ Albulæ, aujourd'hui Lago delle Isole Natanti, qu'il ne faut pas confondre, comme l'a fait Servius, avec l'Albunea du Latium, l'Ulmanus, et probablement le Tutia sur les bords duquel campa Hannibal ; à gauche, le petit ruisseau Peneus qui arrosait la villa d'Hadrien, plusieurs ruisseaux sans nom dont l'un a servi d'écoulement aux lacs Gabiensis et Regillus. Le Tibre reçoit encore à gauche, l'Almo, Acquataccia, au S. de Rome ; le Spino et le Nodinus, et un affluent qui prend sa source au pied de Tusculum, dans le massif de l'Albanus mons, et qui devait son origine à la fameuse source Ferentina, dans le Nemus Ferentinum, où s'assemblaient les députés des villes latines pour délibérer et d'où ils partaient pour gravir l'Albanus mons (nommé dans une inscription, remarquée par M. Mommsen, Cabensis, d'où est venu le nom moderne Mte Cavo) et se rendre au temple de Jupiter Latialis. — Dans la mer, se jetait le ruisseau célèbre du Numicius, Rio di Pratica, où mourut Ënée.

Lacs et sources. — Près de l'embouchure du Tibre, à gauche, était le Lacus Ostiensis, formé des eaux du fleuve et de celles de la mer et qui n'a pas existé dans les plus anciens temps, lorsque les atterrissements du Tibre n'avaient pas rompu toute communication de la plaine de Laurentum avec la mer. Ces eaux dormantes sont une des causes de la malaria qui rend ce beau pays désert aujourd'hui. Le lac d'Ostia existait certainement au temps de Virgile qui le mentionne dans l'Énéide, mais les écoulements ménagés du côté des salines empêchaient l'insalubrité. — Près de la source du Numicius, est le Lacus Juturnæ ou Turni Lacus, puis la Fons Annæ Perennæ, ou d'Anna, sœur de Bidon (Ovide), qui avait une autre fontaine près de Rome (dans les jardins Borghèse), où le peuple allait la fêter. La Fons Egeriæ était dans Rome et non dans la Caffarella au S. de la Ville où l'erreur populaire la place encore aujourd'hui. Il y en avait une autre sur les bords du Lacus Nemorensis.

Forêts : En Sabine, la Sylva Malitiosa, célèbre dans la guerre du Sannium ; — le Lucus Robiginis, bois consacré à la rouille du blé (Ovide), à la 8e borne de la voie Nomentane ; — la Sylva Arsia, où