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ÉLÉMENTS DE L’ART HÉRALDIQUE. 775


duc est d'or enrichie de perles et de pierres précieuses et surmontée de 8 fleurons ; celle de marquis est d'or, enrichie de pierres précieuses et surmontée de 4 fleurons alternés par 3 perles réunies en forme de trèfle. La couronne de comte est d'or, ornée de pierres pré cieuses et surmontée de 1 6 grosses perles posées chacune sur une pointe ' ; celle de vicomte est ornée de 4 perles séparées par un petit fleuron ou par une pointe surmontée d'une petite perle Les vidâmes portent une couronne ornée de 4 croix pattées ; les barons ont pour couronne un cercle d'or émaillé, autour duquel est enroulé un chapelet de perles. Les barons allemands ont une couronne qui se rapproche de celle des comtes français, mais elle n'est dominée que de # perles les barons belges ont une toque surmontée du même nombre de perles ; les chevaliers bannerets ont un simple cercle d'or orné de pierres précieuses. Le bourrelet est un rouleau d'étoffe ou de ruban aux couleurs de l'écu ou de fantaisie, et qui se plaçait sur le casque comme ornement, mais sans qu'on y attachât l'idée d'aucun titre. Son but primitif fut d'amortir les coups portés sur la tête.

On avait imaginé, sous le premier Empire, de remplacer les anciennes couronnes par des toques, surmontées de plumes dont le nombre indiquait la dignité du titulaire. Cet usage s'est perdu à la chute de l'Empire, et les titrés de l'époque impériale reprirent les couronnes traditionnelles. Comme les armoiries de l'époque impériale sont timbrées de ces toques, il est utile de les faire connaître :

Les princes grands dignitaires de VEmpire français portaient une toque de velours noir retroussée de vair et surmontée de 7 plumes blanches sortant d'un porte-aigrette d'or ; la toque des ducs était semblable, mais retroussée d'hermine ; celle des comtes était en velours noir, retroussée de contre-hermine et' surmontée de 5 plumes sortant d'un porte-aigrette en or ; la toque des barons était retroussée de contre-vair et ornée de 3 plumes supportées par un porte-aigrette d'argent ; celle des chevaliers, aussi en velours noir, était retroussée de sinople et surmontée d'une aigrette blanche.

Outre les couronnes que nous venons de décrire, on peut encore citer les suivantes : la couronne antique, que l'on trouve comme meuble dans certains blasons, est un cercle surmonté de pointes allongées et semblables ; la couronne murale, qui n'est guère employée que pour timbrer les armoiries des villes, est formée d'un cercle surmonté de portes de villes ou simplement de pans de murailles crénelés ; la couronne navale est un cercle relevé de proues de navires ou de voiles ; la couronne vallaire est formée de pals ou pieux et rappelle un camp retranché ; deux branches de chêne vert composent la couronne civique ; elle est la récompense d'une action d'éclat ; la couronne triomphale est en feuilles de laurier ; elle était la récompense d'une victoire.

Chapeaux, mortiers et toques. Les dignités ecclésiastiques se reconnaissent au chapeau qui surmonte l'écusson. Les cardinaux ont un chapeau rouge à larges bords, duquel tombent des cordons entrelacés, de même couleur que le chapeau et supportant des pendants terminés par cinq houppes ; le chapeau des archevêques est semblable, pour la forme, à celui des cardinaux, mais sa couleur est verte ; les cordons entrelacés supportentdes pendants terminés par quatre houppes de même couleur que le chapeau ; eelui des évêques est vert avec pendants terminés par trois houppes. Les abbés et protonotaires somment l'écu de leurs armes d'un chapeau noir à cordons entrelacés et terminés par deux houppes de même couleur que le chapeau. Les blasons des évêques se reconnaissent aussi à la mitre, sorte de coiffure élevée en usage depuis le Xe siècle mais dont la forme a beaucoup varié depuis cette

époque. Certains bénéfices donnaient droit de porter la mitre ; on appelait abbé mitre l'ecclésiastique qui en était pourvu.

Les chanceliers de France ou gardes des sceaux sommaient le casque ou la couronne dont ils timbraient leur écu, d'un mortier rond, en toile d'or, brodé de même et retroussé d'hermine ; les présidents à mortier du Parlement timbraient leurs armoiries d'un mortier noir, à deux larges galons d'or ; les juges, les avocats surmontaient les leurs de leurs toques.

Lambrequins. Les casques qui somment les armoiries sont le plus souvent ornés de pièces d'étoffes nommées lambrequins. Cet ornement doit son origine aux chaperons que les chevaliers posaient sur leur casque, soit pour le garantir des ardeurs du soleil, soit pour le préserver de la rouille, résultat de l'humidité. Conservé pendant la bataille, il en sortait tailladé de coups d'épée et devenait ainsi un signe d'honneur dont on ne manquait pas de tirer vanité. Bientôt les lambrequins devinrent à la mode et tous les nobles voulurent en avoir ; seulement l'origine en fut oubliée, comme il arrive souvent, et on leur donna les formes les plus bizarres ; celle qui a prévalu les fait ressembler à des feuilles d'acanthe. Sous le premier Empire, on ajouta aussi des lambrequins aux toques qui remplaçaient les couronnes et les casques. Pour ne pas mettre couleur sur couleur, ce qui eût été contraire aux règles du blason, les toques étant de couleur, les lambrequins furent en métal. Les princes grands dignitaires de l'Empire en portaient six en or ; les comtes, quatre : les deux supérieurs en or, les deux inférieurs en argent ; les barons en avaient deux en argent.

Cimiers. Les cimiers sont des ornements du casque que l'on pose à sa cime. Une pièce de l'écu, les panaches, les vols d'oiseaux, les animaux de toute sorte, surtout chimériques, les cornes, symbole de puissance et de force, des dextrochères tenant une épée, sont les cimiers les plus fréquemment employés. Cet ornement est facultatif : on peut le changer à son gré ;, cependant, la plupart du temps, il est transmis par descendance. Les branches cadettes, surtout en Allemagne, brisent leurs armes en opérant un simple changement dans le cimier.

Supports et tenants. On nomme supports en armoiries les animaux naturels ou fantastiques placés aux côtés dextre et senestre de l'écu ; ils ont ordinairement une posture hardie et un air menaçant pour indiquer qu'ils sont chargés de défendre le blason qui est confié à leur garde ; les tenants sont des êtres à- forme humaine, anges, guerriers, sauvages, etc., ou ayant quelques parties du corps de l'homme et des animaux, comme centaures, sirènes, griffons, etc. Les supports et les tenants ne sont guère plus héréditaires que les cimiers ; on les voit cependant se transmettre lorsqu'ils sont tirés des pièces de l'écu. Aux grandes familles seules était reconnu primitivement le droit d'avoir des supports à leurs armes ; mais depuis, tous les nobles s'arrogèrent ce privilège. Dans les familles où les supports sont héréditaires, les cadets se contentent souvent, pour brisure, de les modifier ou de les changer. En Allemagne, en Espagne, en Italie, les supports sont très-rares ; ni les ecclésiastiques ni les dames n'en portent, à moins qu'ils ne soient de très-haut rang. Les veuves entourent l'écu de leurs armes de cordelières de soie, entrelacées, noires et blanches.

Cri de guerre. Le cri de guerre, que l'on appelait aussi cri d'armes, servait au moyen âge soit à donner le signal du combat, soit à se reconnaître dans la mêlée, soit à rallier les soldats sous la bannière de leur chef immédiat et à ranimer leur courage. Il n'appartenait qu'aux chevaliers ayant droit de porter bannière. Outre ces cris particuliers, il y