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Incertaine, elle écoute et se penche en rêvant ;
Et son front, tour à tour, se dévoile ou se cache
Sous ses cheveux épars que soulève le vent.
Regardez : c’est l’amour, c’est l’espoir, c’est la vie !
C’est le bonheur réel loin de vous emporté,
C’est la blonde jeunesse et tout ce qu’on envie
Vous souriant encor dans un rêve enchanté.
C’est ce qu’apporte à ceux qui dorment sous la terre
Le souffle des forêts, des ondes et des fleurs,
Ce que l’oiseau gazouille au cyprès solitaire,
Ce que l’essaim bourdonne au pied du saule en pleurs ;
Oh ! Ce qui fait parfois que, sous la lune sombre,
Des antiques linceuls s’agitent les lambeaux,
Et que les morts jaloux vont soulevant dans l’ombre,
De leurs bras décharnés, la pierre des tombeaux.