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Tout à coup par les airs un doux bruit a passé
Comme une voix de femme, harmonieuse et belle.
Est-ce un cri d’alcyon sur l’écueil balancé,
Ou quelque écho lointain des fêtes de Cybèle ?

Brûlant comme l’amour, joyeux comme l’espoir,
Le chant roule, emporté sur les plaines humides ;
Et le nocher surpris, dans la brume croit voir
Bondir le chœur dansant des blondes Néréides.

Déjà la rame échappe aux mains des matelots ;
On écoute, ― et la voix, qui lentement soupire,
Dans son réseau sonore enchaîne le navire
Comme un filet subtil étendu sur les flots :

« Suspends, suspends ton vol, carène aux blanches ailes,
Qui vas rasant les flots amers ;
Tout repose, et la nuit sème ses étincelles
Dans le voile ondoyant des mers.

« Vénus à l’horizon, sur un lit de nuages,
A dénoué ses tresses d’or ;
Jetez l’ancre de fer à nos joyeux rivages,
Nautoniers, c’est ici le port !