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Assez de nuit et de mensonge !
Assez de peuples à genoux !
Deux mille ans… c’est trop pour un songe !
Réveillons-nous, réveillons-nous !

Vent des monts aux bruyantes ailes,
Voisin des astres radieux,
Pousse, au fond des noires chapelles,
Ton air libre où meurent les dieux !

À moi glaïeuls, genêts, orties !
À l’assaut, les verts escadrons !
Plantez au dos des sacristies
Vos échelles de liserons !

Grimpez sans peur au mur qui penche,
Noirs mulots, lézards aux pieds froids ;
Sifflez, pinsons ! ― c’est la revanche
Des prés, des ondes et des bois.

Et toi, la mère universelle ;
Toi, la nourrice aux larges flancs,
Dont le lait pur à flots ruisselle
Du haut des cieux étincelants ;