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Si j’ornais de colliers ma poitrine bossue !
C’est toi, l’amour !… C’est toi la grâce et la beauté !…
C’est pour toi que la terre, en sa fécondité,
Étage incessamment la floraison des choses.
Par-dessous les rubis, et par-dessus les roses !…
Tais-toi !… »

                           Le petit dieu trépignait cependant.
Labouré par la flamme, à nu sous l’air mordant,
Son corps tout rabougri se tordait sur ses hanches ;
Ses yeux, sous son front noir, faisaient deux taches blanches,
Et son nez s’écrasait en large soupirail ;
Les lèvres dont la lave a terni le corail
Avançaient, comme un mufle, énormes et gonflées,
Tandis que, moutonnant à ses tempes brûlées,
Les cheveux, du zéphyr pour toujours oubliés,
Rappelaient, à les voir, la toison des béliers.

« Regarde !… » dit Vénus. ― le cœur de la déesse
Flottait entre les dons promis et sa tendresse.
Écrasé sous le poids des remords superflus,
Vulcain baissait la tête et ne répondait plus ;
Quand, se frappant le front et relevant sa face :
« J’oubliais ! Calme-toi ! J’ai l’eau qui tout efface,