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Tais-toi !… je te ferai des dons considérables,
Et tu t’apaiseras, car c’est le mieux encor ;
— Les présents couvrent tout ; ― dans ses balances d’or
Thémis, dont la raison sert de règle à la nôtre,
Met d’un côté l’injure, et les présents de l’autre ;
Et c’est ainsi que vont les hommes et les dieux !
Et je te nommerai ces présents radieux,
Afin que ta poitrine en tressaille de joie ;
Pour tes cheveux flottants, où tout mon cœur se noie,
Je te ferai moi-même, en argent ciselé,
Un bandeau, sur le rond de la lune moulé ;
Et ― j’en jure le Styx, si tu crains l’imposture ! ―
Je te ceindrai les flancs d’une belle ceinture,
Si pleine de vertus et de pouvoirs cachés,
Que les astres du ciel, sur ta tête penchés,
Palpiteront d’amour, dans les hauteurs sans bornes !…
Attends !… j’ai mis ma tête au trou des antres mornes,
J’ai vu dans mes travaux à quelles profondeurs
L’escarboucle de flamme enfouit ses splendeurs,
Et, bien mieux que Mercure aux mains fallacieuses,
Je peux surprendre au nid les pierres précieuses.
À quoi bon ! Je suis lourd, je suis difforme et laid ;
Pour qu’on me veuille aimer, je n’ai pas ce qui plaît,
Et de la terre aux cieux la fable serait sue,