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est sur ma vertu que l’Olympe repose !
Assis, la coupe en main, dans une molle pose,
Les dieux ne songent guère aux armes qu’il leur faut ;
Seul, je travaille en bas, quand ils boivent en haut ! »

— Les géants consternés l’écoutaient en silence ;
Soudain, de sa poitrine, un cri rauque s’élance,
Un rire impétueux, convulsif, étouffant ;
Il sentait là sa proie, il avait vu l’enfant,
Et ce rire, inconnu dans l’antre séculaire,
Était plus effroyable encor que sa colère !

Enfin, les bras levés et le regard en feu :

« Soyez bénis sept fois, habitants du ciel bleu !
Quel qu’ait été mon zèle, aux époques passées,
Vous acquittez d’un coup les dettes amassées.
Et toi, plus que nous tous, immuable et serein,
Dieu caché, dieu puissant, dont le temple est d’airain,
Je te rends grâce, ô sort !… ton arrêt salutaire
Livre à l’époux blessé le fils de l’adultère !
Et vous, durs compagnons que j’aime tant à voir,
Gigantesques enfants de la terre au flanc noir,
Par nos travaux communs, frères, je vous adjure