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Les marteaux oubliés s’endormaient sur l’enclume,
Et ce grand bruit de forge entendu dans les bois
S’interrompit, alors, pour la première fois !
Ce furent des éclats de joie involontaire,
Des chansons de nourrice à secouer la terre,
Quand l’enfant, déjà fait à leurs fronts surhumains,
Passa de l’un à l’autre, entre leurs larges mains.
Ils touchaient, enivrés de sa candeur divine,
Ses sourcils délicats, ses cheveux, sa peau fine
Et ses membres pareils à de frêles roseaux,
Avec les peurs qu’on a pour les petits oiseaux.
Puis, de ce même airain dont les foudres sont faites,
Ils forgeaient des anneaux et des colliers de fêtes,
Cent jouets monstrueux dont ils couvraient l’enfant ;
Et tous poussaient, en chœur, un rire triomphant
À le voir, raidissant la douceur de ses formes,
Chanceler sous le poids de ces hochets énormes.

Vulcain parut au seuil.

                                      Quand par un soir d’été,
Au bas d’un mont, non loin d’une antique cité,
Le char des moissonneurs s’arrête, lourd de gerbes,
Les propos familiers, le rire aux dents superbes,