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résout, Dieu et la terre maternelle. — Au blanc triomphe de Mithridate sachons tendrement préférer notre humilité adorable. Ah ! que deviendrais-je, chère Clarisse, si vos tremblantes tendresses, vos jeunes sourires naïfs me paraissaient moins pathétiques que ceux d’Ophélie ou de Bérénice. — Nous ne sommes jamais ici. — Strictement, cette maison ne contient qu’un fantôme. Ah ! Clarisse, t’étreindre et te posséder : Je veux captiver la fuite de tes plaintes, de tes songes, de tes désespoirs. N’occuperais-je mieux ton attention que ce pastoral étranger, un héros de roman, peut-être, ou la Mort même ?

L’épouvantable et le tragique, ce n’est point la perte d’une chère amoureuse, d’une parente adorée et pure, mais pleurons quand meurent des héros. Qu’importent ceux-ci et ceux-là ? Si exquises que paraissent leurs grâces et leurs vertus et quelle qu’en soit la multitude, elles n’en possèdent point de si rares que nul ne les puisse remplacer. Cette probabilité les discrédite. Il se peut que nous ayons joué la veille au soir avec une petite femme de joie, poudrée et odoreuse, luisante et apprêtée, laquelle jamais plus nous ne reverrons. Nous la quittons sans larmes et elle chante vers l’été. L’inconstance de notre amour nous détourne de son sourire. Le bon chien garde la maison. Au seuil tout blanchi par la chaux scintille la haute flamme frémis-, sante des roses. Nous partons. Nul espoir. Mais je ne. suis point triste.