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Alors, sur les routes, passe quelque étranger. Il frappe aux portes lourdes de sapin ; et c’est l’Amour, la Beauté ou la Mort. Il heurte à toutes les portes et il faut bien ouvrir, ! il transfigure, il repétrit les mondes.

Ces archanges d’Emotion, ils donnent à tous lçs hommes une identique splendeur. Ils dotent la Nature d’une même expression. Partout où passe l’Amour, les pays resplendissent. La pudeur de leur émoi embrase les fruits verts, d’épaisses pommes spongieuses, toutes glacées, les rocs. — Sur la mer aux blanches vagues, bondit la rose aurore. — Des plus hautes montagnes tombent des avalanches. Le vent souffle aux crêtes des torrents.

Sentiments, Idées tueuses des froides songeries, Archanges de la Passion en quoi communient la terre et les dieux, sous vos lucides doigts d’or qui modèlent les lourds blocs, surgissent, rites de joie, d’héroïques statues !

Ainsi deux ou trois sentiments associent, gouvernent la tribu humaine : la nécessité de leur existence par quoi ils travaillent chacun dans leur champ, aux lacs, sur les montagnes, humblement, les assemble, pour l’échange des fruits réciproques, du pain, de la laine et des candides laits. Nulle eucharistie n’est plus merveilleuse. Ces hommes qui, étant étrangers, ignorent tout de leur race, de leurs petites pensées, des désirs qu’ils animent, du lieu de leur naissance, et ceci et cela, cependant sont les serviteurs les uns des