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Cette Virginie qu’il nous décrit, peut-être est-elle plus émouvante que celle dont la vue l’enivra...

Il est fort possible que celle-ci, réglée et placide, fut plus fade, encore, d’aspect vague, frivole, incertain. — Pourtant comme il m’eut plu de la connaître !

On néglige d’ordinaire ces petites héroïnes. On dit : « Homère, Shakespeare, Bernardin de Saint»Pierre, ah ! que voilà de grands poètes ! Sans doute ils ont reçu des dieux quelque admirable et suprême don. Ils possèdent des vertus gracieuses. Comment, par quel charme peuvent-ils dire ce qu’ignorent la plupart des hommes ? Ils créent des figures éternelles. » Ainsi, on les regarde comme des exceptions ; les anecdotes de leur sort conservent la date de prodiges ; les plus bas paysans témoignent par des aspects pliés qu’ils les considèrent à l’instar des dieux.

Certes les poètes portent d’extraordinaires grâces. Etant consacrés par l’Amour ils en ont vêtu la candide splendeur. Ils possèdent la puissance de séduire les idées, comme les héros furent investis de celle, plus terrible, de les gouverner. A cause que certaines âmes sont mécontentes du corps où les captive le sort, ils les ennoblissent et ils les appellent pour des épousailles.

Elles s’inclinent sur eux, les éblouissent. C’est pourquoi tour à tour ils épousent les collines, les fontaines écaillées de mousses, solennisent les ames des pêcheurs, des rois ! Par la suite ils s’étendent sur elles, et ils enfantent des races de héros et d’idées.