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plus tendre et le pire en composent leur substance, ils y discernent leur glorification. Ils les envisagent comme leur victoire propre. Car ce n’est point moimême qu’ils aiment, mais cet héroïsme immanent dont je suis le tremblant prophète. Ils s’écoutent, se penchent sur mon cœur. Ils prennent garde que, — les pressentant, — je les contiens.

Par une particulière candeur, ils imaginent tous, fort différemment, surprendre la signification de ma présence — et chacun le croit davantage que l’autre.— On ne dira rien, jamais. — Comme si deux âmes pouvaient s’atteindre, exactement, avec violence, dans leur vie divine, intrinsèque ! — Une idée a cent mille aspects, autant que Protée, comme la nature même. Sa véracité est complexe. Vraiment le plus futile axiome à tous les attributs, les sens que peut prendre Dieu. Ce fut afin de s’exprimer que celui-ci sculpta des coquillages marins, de tragiques nations, d’ardentes collines rouges dévorées de roses, des soirs, des pirates, des bergers, ce fin brin de paille pesant de parfums, Marie et Swedenborg, moi et vous, des lauriers, de rocailleuses grottes grondantes d’eaux glaciaires, toute la magnifique mer qui s’ébroue aux plages pures, glauques, traversées d’orages ! — Tant d’objets disparates ne traduisent qu’une pensée de Dieu. Personne, d’ailleurs, ne la comprend de même façon.

La sentence d’un sage véritable signifie autant d’âmes, de mondes qu’il en existe, au ciel lucide de l’infini. Cela demeure sûr et il faut me croire. Efforçons-nous de découvrir des vérités en qui l’un et l’autre se puissent reconnaître et que l’on interprète