Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/281

Cette page n’a pas encore été corrigée

exténue de tristesse, selon qu’il atteint nos pensées, qu’il en est limitrophe, ou bien qu’il s’en écarte.

Pour un jeune homme capable de haine et d’enthousiasme, où éprouverait-il noblement deux émotions aussi puissantes sinon en compagnie des sages et des poètes ? Ceux-ci l’avertissent de son caractère. Ils lui serviront d’épreuve. A lire une ode ou un roman, il connaît l’arôme des forêts, l’amertume de l’herbe et de la mer verte. Cela lui indique ses désirs, ses goûts, la force de sa pensée, son véridique destin et l’esprit national.

b. Riche de cette opinion au sujet des héros, j’ai dû subir, en conséquence, les pesants libelles de plusieurs critiques, et quoique la plupart d’entre eux fussent tout dépourvus de finesse, le plus lourd — j’ai perdu son nom — m’ayant couvert de médisances, sut montrer ensuite, par toutes ses diatribes, qu’il était assez offensé de la réponse que je lui fis. Je ne rappellerais point cela, si certains de mes commentaires que sollicitaient ces attaques, n’avaient ici, peut-être, de l’importance. J’en citerai donc ce fragment :

« D’où vient Hamlet, et pourquoi son destin ? »

Oui, cette demande est plausible. On ne sait rien de cette âme. Une étrange catastrophe la détourne de sa route pour de terrifiantes aventures. Le mystère de son être ajoute à notre effroi. Eh bien ! je désire une autre émotion.

Le but de l’art, pour un poète, n’est pas de peindre une destinée, dans ses plus tragiques et subites périodes, mais à chaque minute de son cours logique. Epaminondas ou Hamlet ne sont sublimes, — dit-on —