Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/273

Cette page n’a pas encore été corrigée

abstraite de la sensibilité. De toutes les petites gens qui eurent des complaisances à l’égard des glorieuses chimères et de qui l’art fit les délices, les pires, sans aucun doute sont ceux que l’on appelle des métaphysiciens. Je fais allusion à Hègel, à Kant, à Spinoza même. Ce que ceux-là nous ont conté n’a aucun rapport avec l’homme. Il m’est impossible d’y prendre intérêt. Des théorèmes métaphysiques, rien de moins (’•motionnant ! Sur les attributs de Dieu, la coloration des anges, tel ou tel glacial syllogisme, ah ! je ne puis méditer ? — Dites-moi simplement si le ciel est beau, car voilà ce qui m’importe. — Mais je conçois un philosophe comme un héros transcendental. Celui-ci prête l’oreille au dieu qui crie en lui. Systématiser sa propre allégresse, sa noire contrition et son mystère même, il souhaite précisément cela. Et en ce sens, Descartes est un maître admirable.

Donc, étant bien résolu, — comme je l’ai écrit dans mon préambule — à me recueillir tout entier, avant d’entreprendre l’étude de la. terre, des races et des passions qui en forment l’équilibre, il me parut bon de nouer une intrigue avec quelque ardente demoiselle dont les voluptés et les séductions donneraient de la fièvre à mon cœur et en ranimeraient toutes les flammes. — En outre, imaginai-je alors, cette enfant, de qui je serai féru, me contraindra à regarder une multitude de petites choses, telles qu’un beau plumage teint de cramoisi, une aiguille, l’écuelle, les laitages auxquels, si elle ne le désire pas, je ne prendrai jamais garde.

Ce sera un intermédiaire. Par ce temps froid et gris, elle saura prêter de l’accent à nos moins importantes