Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/259

Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’homme dont je parle. Chacun n’a conçu de ces épopées que ce qui pouvait être en rapport avec soi. De lucides descriptions de l’homme ont froissé le bon goût public. L’amour nous parut impudique. La salubre ardeur des sèves et du sang fut considérée comme une sale luxure. Tout a été défiguré. Quoi ! La Terre, puissante fresque énorme, qui semble un pan de paysage arraché du monde par un jeune géant ! Quoi ! La Faute de l’Abbé Mouret, et L’Œuvre, et Germinal, voilà les graves ouvrages dont vous vous écartez !

C’est un fait constant que M. Zola a tout réalisé pour contribuer au doute, créer une confusion et des malentendus. Ses complaisances trompent l’opinion. Malgré que ce sublime grand homme soit l’antithèse même des Goncourt, il témoigna perpétuellement du respect que lui inspiraient ces écrivains, et Huysmans put le célébrer sans qu’il se froissât du panégyrique.

Pourtant, il n’existe entre eux tous que de très fines similitudes. Paul de Kock, ni les Goncourt, quoique ceux-ci s’expriment plus joliment que l’autre, ne conquièreront point notre admiration. C’est toujours le même illogisme, une misérable indifférence à l’égard des héros et des péripéties, le plus extraordinaire mélange de papotages et d’épouvantes, une perspicacité douteuse.

Ainsi on enfante des héros. On a l’ambition qu’ils vivent solidement et on les décore de vertus. On les anime, on les imagine viables. Ils prennent des poses au crépuscule. Des teintes et des tons simulent les sourires. Ils s’agitent, ces candides mannequins, ils