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émerveillé si votre inquiétude me tourmente. M’étant reporté à l’extrême automne je me souvins de l’entreprise dont s’était flatté mon esprit. Cet examen de conscience, l’avais-je intégralement fait ? Aux aventures sentimentales dont j’avais conçu le dessein, j’oppose aujourd’hui mes méditations, les conjonctures de cette saison et mes travaux.

A vrai dire, Clarisse scintillait d’extase. Je me sentis empli de peine. Le persiflage des poules se fit plus incisif. — Les arbres, blanchissants, gémissaient. Nous convînmes de rentrer chez nous. Clarisse but l’écumeux laitage, puis elle me présenta un peu de tarte. Et comme nous nous sommes levés, la route à la manière d’un fleuve, est accourue. Malgré qu’elle fut toute bondissante nous poursuivîmes sa course rouge. Des vents se posaient sur de brûlantes feuilles. — Les étendues d’herbes brillèrent comme une onde.

Quand nous fûmes revenus chez nous, à l’aspect des grands murs plâtreux où se pâment des floraisons lourdes, et dès que nous considérâmes ces bombantes corbeilles, la huche pauvre où mûrissent des pommes, le plafond de chaux soutenu par des poutres, nous fûmes pris d’une intense tristesse. Hélas ! nous avions vécu là, et comme nous nous étions aimés ! Il faudrait quitter ce sombre univers. De ma méditative retraite, quel était donc le bénéfice ?

Le soir, l’atmosphère s’estglacéeencore. Unmarais de nuages stagne dans le ciel livide tandis que souffle avec violence une froide trombe de pesante ténèbre. Jamais vraiment, je n’ai passé une aussi douloureuse journée. Sous le choc blanc de la pleine lune, le grand hêtre