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Mélancolie et volupté ! le mélange de ces sentiments contribuait à leur frénésie. Mes veines roulèrent le sang des astres.

A travers la vitre étincelante d’aurore le ciel purifié était gai et frais comme les joues brillantes de Clarisse. Nous courûmes parmi la prairie. De fins herbages y frémissaient tumultueusement. La tempête soufflait aux grandes routes. Un rouge flux de fleurs s’enfla sous les vents. Des houles verdâtres retentissaient.

Quandnous fûmes certains.toutàcoup,qu’un printemps joli était revenu, nous prîmes du plaisir à le fréquenter. Clarisse était pleine de douceurs, tandis que nous marchions ainsi à travers de profondes venelles qu’encaissent des talus et des hêtres. Elle jouait avec les pimprenelles et elle se couchait sur les coquelicots. Ondoyantes, les belles herbes simulaient des eaux vives. Les fraîcheurs tombèrent des forêts et de pesantes gommes jaunes étaient aromatiques. A l’entrée d’une riche métairie, mon amie que lassaient déjà l’âpreté du vent, l’air et la promenade, m’ayant fait part du dessein qu’elle avait de se reposer, bien au frais, et comme un banc d’antique granit s’offrit là très précisément nous nous y assîmes une minute. Le caquet des poules perçait l’air. Des flammes tapissaient les grands murs plâtreux. Le lourd choc blanc nous aveugle. On nous apporta du lait et des pommes. Mon amie demanda des tartes. Je me souviens prodigieusement de ces pauvres petits épisodes, et leur notion seule me transporte d’extase. Ah ! comme nous étions heureux. Les routes, devant nous, couraient dans la plaine. Clarisse, Clarisse, en cet instant, peut-être vous aimai-je pour vous-même, à cause de vos mains