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blanc soupir, cri et souffle, prisonnière dans cette •chambre. — Entre vous et moi, j’entends et je vois, je sens l’ombre, hélas ! de celle que vous fûtes, et l’être aussi que vous souhaitez devenir.

« Ah ! soyez donc présente enfin !

« Et ne cherchez pas. Restez là. Le bonheur n’habite-t-il cette pièce ? » - :

Mais Clarisse répond qu’elle a à sortir, une visite à faire, acheter des violettes. Malgré la- pluie qui glisse ,et file parmi la ville, je l’ai vue s’en aller dans la rue grise.

Cette aventure que je viens de décrirenefut-elle pas Testée, aussi pure, plausible et impressionnante, si je l’eus désirée au hameau montagnard, dans un cottage, ici ou là ? Avec le lieu j’eus varié les discours. Ceuxci se firent plaintifs à cause du ciel pluvieux et parce que Clarisse était triste. La simagrée vous aurait abusé -et de la croire originale, Clarisse de nouveau eut versé des larmes. — Il n’est point d’histoire plus banale pourtant. — Je l’ai lue vingt fois, dans tous les auteurs, -ex Racine en a fait cette romanesque idylle de Tite et Bérénice. Elle émeut toujours, même les pires amants, car l’amour nous mène les uns et les autres, et ainsi chacun y peut lire selon qu’il anticipe, prédit ou se souvient, le mémorial de son passé sentimental, ou la fin prévue d’une passion présente.

De ces personnages fabuleux la destinée seule nous -séduit. Peu importe qu’ils soient rois, laboureurs, ,Goethe ou Othello, car ils deviendront tous, et tour à tour, moi et toi, quiconque les contemple.