Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

semblable à chacune de vous. Lorsque je courtisai celle-ci, c’était avec des madrigaux et des émotions ,d’un tour neuf. Vous m’avez été bienveillantes. Vous déchirâtes frénétiquement le voile compact dont vous ,étiez vêtues. Il vous plut que je vous visse nue et vous m’avez doté de vos resplendissements. Je m’augmentai -de vos vertus. Au contact de vos seins, de vos mains frémissantes, j’acquis une sensibilité exceptionnelle, jusqu’à pressentir vos voluptueuses joies. Je m’assurai de votre esprit. Votre inconstance m’enchanta. Je connus mille béatitudes. Si l’une était native des îles, d’une rocheuse cité ou de la montagne, j’imaginai étreindre des contrées, des torrents. « Je suis Pan ! Je suis Pan ! » criai-je. — Le corps de mon amante poudroie. De fugaces guirlandes se déroulent. Je souhaite des délires. — Des vertiges me prennent sur les confins mêmes de l’enfer. O soupirs, lourds sanglots, flux des tempêtes promises ! — j’éprouvai cela à mourir. Ainsi peu à peu j’ai conquis l’amour. Quelle que fut la stagnante exiguïté du site, et quoique les haies vives de mon habitation eussent dû être les bornes de mes entreprises, je courus de nouveau le monde. Ma pensée me multiplia. Mobile statue du vent, des mers ! Ce fut ainsi.

Agité des plus noires passions, je sollicite enfin le meilleur des repos. Les héros en qui j’espérais ne viendront pas. J’en ai souhaité qui satisfassent mes vœux et dont les exploits m’anoblissent. Je les ai cherchés partout. Les tragédies que j’ai lues m’ont -seulement présenté de tragiques personnages tout boursouflés d’amphigouriques émois. Ajax ni Philoctète ne me réhabilitent. Leur mélancolie m’accabla, et