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coup à vos regards une valeur tragique, solennelle et haute, leurs sentences et leurs injontions m’intéressent bien moins qu’une poule ou une paille. Peu importe la disparition de tant de banales créatures de qui rien ne parut jamais irremplaçable ! A celui-ci ou celui-là on substituera l’un ou l’autre ! Il suffit que l’espèce survive : un représentant de la race. — Hélas ! puissiez-vous me comprendre, Clarisse, je vous aime avec véhémence, et votre amour m’est plus précieux que les couronnes et les victoires des rois.

— Un jour, peut-être, ô mon amie, je verrai blêmir ton visage dê fleur. — Quand je m’inclinerai sur votre âme, le camélia sera fané, vous vous détournerez vers la mort. N’imaginez ; point que je me désole, tout étreint de larmes et d’effroi. Hélas ! bien que votre être me soit beaucoup plus cher que le héros de qui j’ai suivi ce matin le blanc et populaire convoi mélancolique, assurément, Clarisse, je vous regretterai moins. Si mon adoration vous croit irremplaçable, nous connaissons fort l’un et l’autre, combien il semble s’illusionner, et jusqu’à quel point sa violence nous trompe sur sa force. Car malgré les spéciales délices que j’attache à votre apparence, ce n’est point de celles-ci que je suis si épris, mais du plus simple et du plus naturel amour. La passion que je vous .inspire me fait mieux chérir votre ardente extase, vos mains légères et vos soupirs.— Cependant qu’elle s’appelle Urgèle, celle en qui m’apparaît l’amour, Marguerite, Jenny ou Adelaïde, qu’elle vienne de là-bas ou d’ailleurs, je ne m’en soucie point du tout en vérité.

Il est possible que tu défailles sans qu’une perte,