dier si l’on veut découvrir quelles forces ont élaboré le squelette de l’organisme hindou. Rattachons, nous dit M. Dahlmann, le régime des castes à l’évolution industrielle, reconnaissons dans les ghildes professionnelles les mères des castes, et nous mesurerons l’impuissance de la théorie artificialiste ; nous pourrons démontrer que l’organisation du monde hindou n’est pas due à des transformations discontinues, et arbitraires[1] ; elle nous apparaîtra comme le fruit naturel d’un développement continu et spontané.
La haute Antiquité des différenciations professionnelles ne prouve-t-elle pas déjà l’influence qu’a exercée, sur toute la vie hindoue, la division du travail industriel ? Les Védas nomment des charpentiers, des charrons, des forgerons, des orfèvres, des potiers, des cordiers, des corroyeurs, etc. ; à mesure qu’on descend vers une Antiquité plus rapprochée, le nombre des métiers distingués va croissant[2]. D’après l’Épopée, c’est le principal devoir des rois que de surveiller la répartition des tâches (karmabheda)[3]. Les codes et les inscriptions mentionnent un nombre croissant de corporations constituées[4]. Lorsque l’industrie hindoue travaille, non plus seulement pour les princes, mais pour les étrangers, et se livre à l’exportation, on voit se former, principalement dans les villes, de véritables ghildes, avec leur président, leur conseil, leur droit propre. Elles veillent à la police des marchés, elles organisent des caravanes, elles donnent leur nom à des fondations, elles manifestent enfin une vitalité puissante. Il faut aller jusqu’au moyen-âge allemand pour retrouver une pareille floraison de ghildes. Le mouvement corpo-