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ture quand on ne peut l’appuyer d’aucune preuve incontestable, nous ferions observer qu’une des personnes les moins attaquées dans la Fameuse Comédienne est Mademoiselle Guyot[1]. Nous ne remarquons, ainsi que nous l’avons dit, à son adresse qu’une phrase nettement désagréable ; encore Guérin en endosse-t-il la moitié, tandis que d’autres en dégagent complètement Mademoiselle Guyot. Notons aussi quelques phrases ambiguës, comme « Guérin qu’elle aimoit… de la plus belle passion dont elle soit capable, » ce qui peut s’appliquer à une femme simplement blasée ; comme le quatrain final, qui ne peut faire allusion aux méfaits de Mademoiselle Guyot, en qualité de contrôleuse de la recette à la Comédie, puisqu’on ne s’en aperçut que par son testament, en juillet 1691. Ne pourrait-on, d’ailleurs, voir dans ces coups d’épingle, à les supposer franchement donnés, et dans quelques altérations de la vérité, un raffinement de ruse à l’effet de mieux dérouter les recherches ? Ces falsifications étaient nécessaires en 1688, et devaient constituer, en faveur de Mademoiselle Guyot, le principal argument de sa défense, en cas de soupçon. Toujours est-il que la Fameuse Comédienne, qui est avare de louanges, appelle cette actrice « une des plus jolies femmes du monde ». Remarquons encore que son talent y est considérablement surfait ; que la peinture de Guérin porte la marque d’un ressentiment amoureux ; qu’on parle de ce comédien, des plus petits détails de son existence, comme si l’on avait vécu longtems avec lui. À ce propos, rappelons ces mots du libelle qui, s’ils ne renferment pas une erreur, révèlent — et c’est

  1. Nous ne parlons point de la douce Debrie, qui y obtient un mot élogieux, mais qui était incapable de ruminer un pamphlet pendant vingt ans.