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en mai. De plus, contrairement à ce qu’en dit le libelle, Guérin était fort bon acteur, Mademoiselle Guyot fort mauvaise actrice, et celui des deux qui avait pu remorquer l’autre n’était pas celle-ci.

9° « La Guyot qui avoit esté appelée dans la troupe avec Guérin, qu’elle aimoit depuis cinq ans. » — Il est difficile de savoir si l’auteur fait dater ces cinq ans de l’engagement des deux comédiens en 1673, ou de l’époque à laquelle il est arrivé dans son récit (fin 1674, au plus tard). N’importe, tous les historiens du Théâtre Français font dater la connaissance de Guérin et de Mademoiselle Guyot de l’arrivée de celle-ci au Marais (mai 1673). Le libelle présente donc ou une erreur ou une révélation. Nous reviendrons sur ce point.

10° « La Ledoux et la Tourelle furent punies devant l’Hostel de Guénégaud. » — Ceci n’est point vrai : il n’y eut de fouettée que l’entremetteuse. Beffara a retrouvé la plupart des documens judiciaires relatifs à ce procès, et M. Taschereau les a transcrits dans les notes de sa Vie de Molière (Edit. 1844, p 262 et seq.).

Une sentence du Châtelet, du 17 septembre 1675, condamna le Président Lescot « de faire sa déclaration au greffe, en présence de ladite Molière et de quatre personnes telles qu’elle voudroit choisir que, par méprise et inadvertance, il auroit usé de voie de fait contre elle et tenu des discours injurieux mentionnés au procès, l’ayant prise pour une autre personne, de laquelle déclaration seroit délivré acte à ladite de Molière, et justice, sieur Lescot condamné en dommages et intérêts liquidés à la somme de 200 livres et aux dépens à son égard ; » les deux femmes furent « pour réparation de quoi condamnées d’être fustigées, nues, de verges, au-devant de la principale porte du Châtelet et devant