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DEUX DE TROUVÉES

vous en êtes venu à cette détermination ; merci, capitaine !

Une larme de reconnaissance vint un instant trembler à la paupière de Sir Gosford ; il pressa la main de Pierre dans les siennes, et le quitta pour aller rejoindre ses enfants, en lui jetant un de ces regards qui veulent dire : « J’ai foi en vous, vous êtes le plus noble et le plus généreux des hommes. » Une amitié vive et profonde venait de se former entre ces deux hommes qu’un simple hasard avait rapprochés.

— Timonier, comment est la barre ?

— Ouest quart nord-ouest, capitaine. Le vent mollit.

— Jetez le loch.

— Oui, oui, répondirent deux matelots, qui s’élancèrent pour jeter le loch à la mer ; ils comptèrent.

— Combien de nœuds ?

— Cinq, capitaine.

Le vent avait molli tout d’un coup. Il ne ventait plus que par petites risées inégales, et le vaisseau ne filait plus que cinq nœuds. Les voiles étaient à peine enflées, et par moment battaient sur les mâts quand le Zéphyr revenait, en se soulevant sur la lame. Le capitaine fit border la brigantine et orienter toutes les voiles au plus près. Sous cette nouvelle allure, le Zéphyr faisait autant de route que la corvette ; il se tint ainsi à la même distance, hors de la portée de canon, pendant plus d’une demi-heure.

Quand il ne venta plus qu’une brise légère, le capitaine donna l’ordre aux gabiers de descendre, fit déposer les armes aux pieds des mâts, et commanda tout le monde à la réparation des manœuvres. Deux vigies furent placées dans les hunes pour surveiller les mouvements de la corvette. Au bout d’une