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UNE DE PERDUE

dera la bataille. Si nous sommes vaincus, vous ne me reverrez plus, car je serai mort. Dans ce cas, il ne vous restera plus qu’une chose faire, et ce sera bien mieux que de tomber aux mains des pirates : vous ferez sauter le Zéphyr. Vous connaissez l’écoutille qui communique à la soute aux poudres ; un tison ou un coup de pistolet, et l’affaire est faite ! J’ai confiance toutefois que vous n’en serez pas réduit à cette extrémité. Je vous connais et je ne crains pas d’imprudence de votre part. Je vais faire boucher et clouer le grand hublot de la cabine et fermer toutes les issues. Il n’y aura que l’escalier à garder, dans lequel il ne peut descendre qu’un homme à la fois. Vous fermerez la porte et je vais vous donner trois hommes, en outre de mon nègre Trim, sur lesquels vous pouvez compter comme sur vous-même. Je réponds que tant que Trim ne tombera pas, il n’y a pas de danger. Il tiendra son poste jusqu’à la mort. D’ailleurs j’aurai moi-même un œil à la cabine, et comme la scène sera transportée sur le pont de la corvette, il n’y aura pas de danger, j’espère.

— Capitaine, mais n’est-ce pas un grand risque que vous faites-là ? Il serait, ce me semble, plus prudent d’attendre l’ennemi que d’aller chez lui. Il peut vous préparer quelques embûches.

— C’est vrai ; mais cependant comme il ne s’attend certainement pas à ce que nous l’abordions, il sera surpris ; et en profitant du premier instant d’étonnement, nous en viendrons peut-être à bout plus facilement. Dans tous les cas telle est ma décision pour le moment, et à moins qu’il ne survienne quelque chose pour déranger mes plans, je l’aborderai.

— Je sens que c’est par rapport à mes enfants que