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DEUX DE TROUVÉES

recommanda qu’on vint l’avertir aussitôt qu’elle commencerait à arriver à la portée de ses deux pièces de retraite, qui étaient dans sa cabine ; et il descendit prendre sa place à la table du déjeuner.

Le silence le plus profond régnait dans la cabine. Les figures étaient sérieuses ; celle du comte d’Alcantara trahissait une certaine confusion qu’il s’efforçait de surmonter. Le capitaine, qui voulait prolonger le repas, et faire diversion aux sombres pensées qui occupaient l’esprit de ses convives, s’adressa au comte d’Alcantara et le pria, en s’efforçant de supprimer un sourire, de leur raconter la cause de l’accident qui lui était arrivé.

— C’est une vraie fatalité, répondit le comte, imaginez que voulant monter à la hâte sur le pont, pour aller me mêler aux combattants, je pris le chemin de cette chambre croyant y arriver plus tôt. Je cherchais à mettre le pied sur un baril pour sortir par l’écoutille, quand, fatalité ! le couvercle s’enfonça sous mes pieds et voulant me soutenir sur une espèce de tablette, la planche manqua et je fus précipité dans le baril, entraînant avec moi sacs, boîtes et tout ce qui se trouvait sur la tablette.

— Mais, c’est un terrible accident, vous pouviez, étouffer.

— Dans toute autre circonstance, continua le comte en reprenant tout son aplomb, ce n’eut été rien ; mais vous pouvez juger des tortures que j’endurai, quand je vis qu’il m’était impossible de soulever l’énorme poids qui était tombé sur le baril, surtout quand je réfléchis, que peut-être ma présence sur le pont pouvait être de quelque secours !

— L’effronté et impudent bavard ! pensèrent tous les