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UNE DE PERDUE

et la peur dans un baril de farine ! quels contrastes, et quels rapprochements !

— Ne riez pas de mon malheur, je vous en prie, cria le comte, en essuyant sa figure du revers de sa main. Je vais vous raconter comment cet accident m’est arrivé ; attendez.

Et en ce disant, il passa dans la cabine du maître d’hôtel, où il se lava et fit sa toilette.

— Allons sur le pont, mes enfants, dit Sir Gosford à Clarisse et à Sara, pour prendre l’air un peu, et examiner ce qui se passe au dehors.

Sur le pont, tout se ressentait des effets de la dernière escarmouche. Des bouts de cordage coupés, des tronçons de mâts, des épars, des vergues brisées qu’on était activement occupés à réparer. À l’arrière du Zéphyr, la corvette qui avançait toujours, et qui avait regagné le chemin que la manœuvre si heureuse et si hardie du Zéphyr lui avait fait perdre. Plus loin dans la distance, la polacre qui avait abandonné la chasse pour le moment, et réparait ses avaries.

Ce spectacle avait quelque chose d’effrayant, aussi Sir Gosford eut-il regret d’être venu sur le pont avec ses deux jeunes filles. Il fut bien aise de redescendre dans la cabine quelque temps après, quand la cloche du maître d’hôtel vint annoncer que le déjeûner était servi.

— Allez déjeûner, Sir Gosford, lui dit le capitaine, ne m’attendez pas ; j’irai vous rejoindre dans un instant.

Le capitaine donna les ordres nécessaires pour se préparer à l’abordage, car il vit bien qu’il n’y aurait pas moyen de l’éviter. Après avoir jeté encore un coup d’œil sur la corvette qui s’avançait toujours, il