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DEUX DE TROUVÉES

Et le pauvre Trim, ivre de joie, entra dans la cambuse où il tisonna vigoureusement le feu et brassa ses chaudrons. Puis un instant après, ressortant sur le pont quand la bordée de la polacre vint causer les avaries dont nous avons parlé, dans la voilure du Zéphyr, il agita son poing vers la polacre, en lâchant un énorme juron, et s’étonnant que le capitaine ne lui courut pas sus, pour la punir de sa témérité. Mais le capitaine ne pensait pas ainsi, et d’ailleurs il avait bien d’autres choses à faire.

Le Zéphyr qui, sous sa nouvelle bordée, courait grand largue, fut bientôt hors de la portée des caronades de la polacre ; mais comme il avait perdu deux de ses mâts et souffert de graves avaries dans son gréement, il était évident que la corvette gagnait considérablement sur lui.

Le capitaine Pierre appela le maître d’équipage, et lui recommanda de faire servir à ses gens une double ration de rum et un bon déjeuner.

Après avoir fait l’inspection de la mâture, examiné les avaries, s’être assuré que les blessures de ses matelots étaient légères et avoir assisté à leur pansement, il donna quelques ordres au contre-maître et descendit dans la cabine, où il crut qu’il était temps de se rendre.

Sir Arthur Gosford était assis sur un sofa tenant une des mains de Sara, qui sanglottait et pleurait à chaudes larmes, et qu’il s’efforçait de rassurer ; Clarisse, calme et tranquille, était assise près de son père, sa tête appuyée sur son épaule.

À l’arrivée du capitaine, tous trois se levèrent à la fois, et d’une seule voix lui demandèrent où en étaient les choses sur le pont.