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DEUX DE TROUVÉES

Le lendemain matin à six heures, M. Pluchon annonçait au Dr. Rivard que le Zéphyr n’était pas encore arrivé, que le pilote Édouard Phaneuf était parti pour l’embouchure du fleuve, et que la mère Coco-Letard était en sentinelle sur la levée, plus bas que le couvent des Ursulines, d’où elle pouvait apercevoir de loin et suivre de la vue le Zéphyr quand il arriverait.

Le docteur Rivard demeura enfermé dans son cabinet jusqu’à huit heures avec M. Pluchon, lui donnant ses instructions ultérieures au cas où le capitaine Pierre arriverait.

À huit heures M. Pluchon partit pour se rendre au greffe de la Cour des Preuves, où l’attendait M. Jacques.

À neuf heures, M. Pluchon arrivait chez le Dr. Rivard, tenant quelque chose enveloppé dans un foulard, sous son bras.

La porte était fermée. Il sonna. La vieille Marie courut à la porte et l’ouvrit. En voyant M. Pluchon elle fit une grimace, que celui-ci ne remarqua point, tant cette grimace pouvait être prise pour une simple contraction des muscles dans la figure de la négresse.

— Vous pas pouvé voir mon maître ; mon maître li couché, li passé toute la nuit à écri, et a di pas réveillé li.

— Va réveiller, ton maître, vieille sorcière, ou je t’enfonce ; dis-lui que c’est M. Pluchon qui lui apporte ce qu’il lui a promis.

La négresse s’en alla réveiller son maître, en murmurant entre ses dents « sapré Mossié Plicho ! »