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UNE DE PERDUE

fait entendre dans la pièce voisine. Le Docteur, effrayé, courut à la porte qu’il ouvrit, il ne vit personne ; il alla à la seconde qu’il ouvrit aussi, il n’y avait personne. Après avoir donné un tour de clef, il revint s’asseoir à son fauteuil dans son cabinet. — Ce n’est rien, dit-il, c’est le vent qui souffle à travers les persiennes. — Prenons un coup de vin. Le Docteur prit un peu de vin rouge, et M. Pluchon se servit un plein verre de cognac, qu’il vida d’un trait.

— Je vous disais donc que vous donnerez ces vingt-cinq dollars à la mère Coco-Letard ; vous lui direz qu’elle en aura autant pour chaque jour qu’elle gardera le monsieur chez elle ; qu’elle n’ait pas d’inquiétude pour la nourriture, et que moins elle lui en donnera, sera le mieux pour sa santé ; enfin que si, par accident, le monsieur venait à mourir au bout d’une semaine et pas avant, vous entendez, eh bien ! ça sera un accident et non pas sa faute ; dans ce dernier cas elle aura 100 dollars pour les frais d’enterrement, vous comprenez ? Surtout prenez bien vos précautions pour qu’elle ne laisse pas échapper le capitaine Pierre aussitôt qu’il mettra le pied sur la levée, s’il y met jamais les pieds !

— Soyez tranquille.

— Maintenant partez. Voici ma bourse, elle contient cent dollars pour vous. Venez ici demain matin à six heures, vous me direz le résultat de vos démarches. N’oubliez pas que, quelque chose qui arrive, il me faut ici la petite cassette à neuf heures demain matin.

— Vous pouvez compter sur moi.

M. Pluchon remit sa redingote, prit son chapeau et son parapluie, et sortit.