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DEUX DE TROUVÉES

« Je fus obligé de sortir de la salle, pour aller baigner mes tempes brûlantes dans l’eau froide de la fontaine. Je courus ensuite m’enfermer dans ma chambre.

« Au bout de deux jours, elle partit avec sa tante, Mme Deguise. Je ne lui avais pas une seule fois adressé la parole, me contentant de la contempler avec une religieuse admiration. Plusieurs fois nos yeux s’étaient rencontrés, et à chaque fois, je ne sais comment j’ai pu ne pas défaillir, sous la violence des battements de mon cœur, qui semblait vouloir s’échapper de ma poitrine

« Le 24 décembre, Éléonore et plusieurs autres jeunes filles se trouvaient réunies chez M. de Grandpré. Il y avait veillée avant d’aller à l’église entendre la messe de minuit. Il était tombé de la neige en abondance. M. de Grandpré fit atteler des chevaux sur des traînes, pour envoyer mener les jeunes filles à la messe. La neige à gros flocons tombait silencieusement. Je me trouvais dans la même traîne qu’Éléonore. Nous étions debout, obligés de nous tenir aux bâtons de la traîne pour ne pas tomber.

« Pendant la messe, le vent s’était élevée et soufflait avec fureur, amoncelant la neige par bancs dans les chemins. Comme le temps était assez doux et que le trajet n’était pas bien considérable, personne ne s’était précautionné contre la tempête. J’avais pris néanmoins le manteau de M. de Grandpré.

« Après la messe, je me trouvai encore dans la même traîne qu’Éléonore. Elle était trop légèrement vêtue pour l’espèce de tempête qu’il faisait alors.

Une sorte de grosse tête de soie noire encadrait