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DEUX DE TROUVÉES

plus ou moins de patience qu’éprouve celui qui préside…

— Monsieur !

— Je suis prêt à présenter mes excuses, si j’ai fait usage de propos injustes ou injurieux ; mais je le répète, je suis respectueusement d’opinion que la Cour devrait entendre cette personne, quelle qu’elle soit. Si ce qu’elle a à dire est important pour cette cause, votre honneur, dont je connais l’impartiale justice, ne serait-elle pas la première à se reprocher de ne l’avoir pas entendue ? Si au contraire ce témoignage est d’aucune importance, la Cour n’aura perdu que quelques minutes ! Il me semble, quand il s’agit d’aussi graves intérêts que ceux qui sont en jeu dans cette cause, la Cour ne doit point hésiter à admettre jusqu’aux plus petites informations, si elles peuvent aider à la dispensation de la justice.

Le juge baissa la tête et réfléchit un instant.

Le public, qui s’attendait à quelque chose d’important, regardait M. Préau, qui, debout, les bras croisés sur la poitrine, avait les yeux fixés sur le juge. Un murmure d’approbation circule bientôt par toute la salle, et plusieurs crièrent : « admettez le témoin ! » Quelques avocats se levèrent pour appuyer la demande de M. Préau.

— Admettez le témoin ! dit enfin le juge.

La porte du greffe s’ouvrit au bout de quelques instants, et, à la stupéfaction de tout le monde, du juge, des avocats et du public, le capitaine Pierre de St. Luc entra !

Il est plus facile de concevoir que d’exprimer ce qu’éprouva le docteur Rivard. La peau de son visage prit une teinte verdâtre, et se ratatina sous