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UNE DE PERDUE

d’origine Portugaise. C’était un vieux garçon d’une cinquantaine d’années. D’une taille au-dessous de la moyenne, il portait d’immenses talons de bottes pour se grandir. D’un teint de pomme cuite et avec un nez en virgule, il avait encore des prétentions à la beauté. C’était un galant de première volée. Il prétendait à de grandes connaissances militaires, du moins il ne parlait que guerres et batailles. De plus il se croyait marin !

Déjà le Zéphyr était sorti de la rade et la brise du large, qui commençait à enfler ses voiles, le faisait gracieusement incliner à babord. Léger comme une hirondelle, il semblait courir sur les vagues, qu’il rasait de ses vergues immenses.

Laissons-le poursuivre sa route et retournons au rivage pour suivre l’homme au feutre blanc, qui s’était élancé ventre à terre, à travers les bois d’orangers et de bananiers qui bordent les alentours de la ville de Matance ou Matanzas, comme les Espagnols l’appellent.


CHAPITRE III.

le rendez-vous des pirates.


On appelle esterre, dans les Îles d’Amérique, une espèce d’enfoncement de la mer dans les terres, le long des côtes.

Quiconque est allé à l’île de Cuba et a visité la ville de Matance, a dû remarquer une longue langue de terre, au côté nord-ouest de la baie, qui s’a-