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DEUX DE TROUVÉES

reste, quant à moi je n’y tiens pas, et c’est parce que je savais que Son Honneur M. le juge n’avait pas d’objection de suspendre les procédés, pendant quelques minutes, afin de gratifier l’audience dans un désir, et je pourrais dire dans un droit aussi légitime. »

Deux ou trois avocats se levèrent simultanément, pour représenter au juge la justesse des remarques de M. Préau. Son honneur le juge qui se sentit, lui aussi, quelque curiosité de voir l’enfant, remarqua : « qu’en effet il serait bien à propos que le docteur Rivard allât chercher son pupille. »

Le docteur Rivard qui, au fond, ne voyait aucun inconvénient à faire paraître le petit Jérôme, qu’il était bien certain que personne ne reconnaîtrait, s’offrit, de bonne grâce, de l’aller chercher. — Il prit une voiture de louage, et ne tarda pas à revenir avec le malheureux orphelin qui, en voyant tout ce monde, eut peur et se mit à pleurer, en se cachant le visage sous les basques de l’habit du docteur Rivard. La foule s’ouvrit pour laisser passer le docteur, qui alla reprendre sa place à côté de son avocat, avec le petit Jérôme. La vue de ce petit être chétif et imbécile, causa une impression pénible de pitié dans l’auditoire, qui s’était figuré, pour l’héritier d’une si fabuleuse fortune, un enfant intelligent et bien constitué.

— Procédez, M. Duperreau, lui dit le juge.

M. Duperreau, après avoir fait assermentée le témoin, lui demanda s’il avait connu M. Alphonse Meunier et sa femme ? s’il avait connu l’enfant ? s’il avait appris que l’enfant avait été perdu, et jamais retrouvé ?

À toutes ces questions le témoin fit une réponse affirmative.