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DEUX DE TROUVÉES

d’un héritier légitime de feu M. Alphonse Meunier, continua l’avocat du docteur Rivard ; ensuite, que M. Meunier était sous l’impression, en faisant son testament, que son fils n’existait plus. Il ne me reste plus à faire voir maintenant que l’orphelin Jérôme est le véritable Alphonse Pierre, fils légitime et unique héritier de M. Meunier ; ce que j’espère prouver de la manière la plus évidente et la plus péremptoire par des témoins qui ont parfaitement connu l’enfant avant qu’il fût perdu et pendant qu’il était en nourrice.

J’établirai par ces mêmes témoins qu’ils ont une parfaite connaissance de la perte de l’enfant, et des recherches infructueuses que l’on fit pour le retrouver ; enfin j’établirai que l’enfant, après avoir été plusieurs années abandonné et relégué parmi les fous de l’hospice, a été reconnu, par une espèce de miracle, pour le fils si longtemps perdu de M. Meunier. »

L’exposition était claire et simple. Tout le monde était dans l’attente. Le docteur Rivard regardait tour à tour son avocat et le juge.

— Je vais maintenant faire entendre les témoins. Huissier ! veuillez appeler le témoin nommé Toussaint Délorier.

— Toussaint Délorier ! cria l’huissier.

— Si la Cour veut me le permettre, demanda M. Préau, je prendrai la liberté de suggérer à mon savant confrère, qu’il conviendrait de faire venir devant la cour ce fils de M. Meunier.

Il y eut un mouvement d’approbation universelle parmi l’auditoire ; plusieurs avocats appuyèrent la suggestion. Le docteur Rivard jeta un coup d’œil inquiet sur M. Préau, dont l’air d’indifférente bon-