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UNE DE PERDUE

furie va me dévisager, elle m’a tout déchiré avec ses ongles.

— Consentez-vous à tout me déclarer ?

— Je n’ai rien à déclarer, vous savez tout.

— Vous ne voulez pas ; eh bien ! défendez-vous comme vous pourrez.

Tom referma la trappe.

— Oui, oui, cria Pluchon aussitôt qu’il se vit dans l’obscurité.

Mais ses paroles n’arrivèrent pas jusqu’à Tom, qui était retourné dans le magasin, où, après avoir fermé la porte à clef, et avoir placé deux des matelots en sentinelles, avec une lumière en dehors, il se coucha.

La mère Coco, qui s’était soulagée sur la tête et la figure de l’infortuné Pluchon, de l’excès de rage et de bile qu’elle avait au cœur, et dégoûtée de la poltronnerie de cet homme, lui cracha à la figure avec le plus souverain mépris, et alla se jeter sur le lit.

Tout le reste de la nuit, Pluchon eut le temps de faire les plus sérieuses réflexions. Il ne lui resta pas le moindre doute qu’il serait convaincu de tentative préméditée d’assassinat. L’espoir qu’il s’était fait d’abord, que l’influence du docteur Rivard pourrait lui obtenir une commutation de peine, s’effaça bientôt de son esprit, quand il songea à l’influence bien plus grande de Pierre de St. Luc, devenu le plus riche citoyen de la Nouvelle-Orléans, dont la vengeance serait aussi implacable qu’elle était juste. Il ne savait à quelle idée s’arrêter. Quelquefois il pensait qu’en découvrant tout au capitaine, il pourrait obtenir son intercession pour prix de sa déposition ;