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UNE DE PERDUE

— Eh bin ! moué couri cherché li. Et tout en disant cela, Trim sortit de la chambre.

Il a peut être raison, pensa le capitaine quand Trim fut sorti ; il doit y avoir eu quelque complot dans lequel les Coco-Létard ne jouaient qu’un rôle secondaire. En effet ce n’était pas mon argent qu’ils voulaient avoir, d’ailleurs savaient-ils si j’en avais sur moi ? Il doit y avoir quelque main puissante et secrète qui faisait mouvoir les fils de cette trame. Nous verrons.

Tout en faisant ces réflexions, le capitaine s’habilla, après quoi il passa tout doucement dans le salon où il s’assit sur un fauteuil près de la table sur laquelle il y avait plusieurs journaux. Il en prit un qu’il se mit à lire avec avidité. C’était le Courrier de la Nouvelle-Orléans. Ce que Trim avait tant redouté arriva, sans que le capitaine Pierre eut mis le pied hors de la maison de Mde. Regnaud.

Voici ce qui se trouvait sur le journal : « À peine annoncions-nous l’arrivée du trois mâts le Zéphyr, venant du Brésil, et la glorieuse conduite de son capitaine lors de la rencontre des pirates, dont nous avons donné la description dans notre dernier numéro, que nous avons à enregistrer aujourd’hui sa mort prématurée et sa fin tragique. Le jeune Pierre de St. Luc arrivait justement à temps pour recueillir l’immense succession que lui avait léguée son bienfaiteur ; mais la providence en avait ordonné autrement, et à peine les cendres de feu M. Alphonse Meunier avaient-elles eu le temps de se refroidir, que celles de son héritier ont été déposées près des siennes. Son corps fut trouvé flottant au bayou bleu, noyé par accident, suivant le rapport du Coronaire.